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Madame Perrichon. — Ah ! oui… souvent aussi on attribue… (À part.) Qu’est-ce qu’il veut dire ?

Armand. — Ainsi, madame, notre rencontre en chemin de fer, puis à Lyon, puis à Genève, à Chamouny, ici même, vous mettez tout cela sur le compte du hasard ?

Madame Perrichon. — En voyage, on se retrouve…

Armand. — Certainement… surtout quand on se cherche.

Madame Perrichon. — Comment ?

Armand. — Oui, madame, il ne m’est pas permis de jouer plus longtemps la comédie du hasard ; je vous dois la vérité, pour vous, pour mademoiselle votre fille.

Madame Perrichon. — Ma fille !

Armand. — Me pardonnerez-vous ? Le jour où je la vis, j’ai été touché, charmé… J’ai appris que vous partiez pour la Suisse… et je suis parti.

Madame Perrichon. — Mais alors, vous nous suivez ?…

Armand. — Pas à pas… Que voulez-vous !… j’aime…

Madame Perrichon. — Monsieur !

Armand. — Oh ! rassurez-vous ! j’aime avec tout le respect, toute la discrétion qu’on doit à une jeune fille dont on serait heureux de faire sa femme.

Madame Perrichon, perdant la tête, à part. — Une demande en mariage ! et Perrichon qui n’est pas là ! (Haut.) Certainement, monsieur… je suis charmée… non, flattée !… parce que vos manières… votre éducation… Pingley… le service que vous nous avez rendu… mais M. Perrichon est sorti… pour la mer de Glace… et aussitôt qu’il rentrera…

Henriette, entrant vivement. — Maman !… (S’arrêtant.) Ah ! tu causais avec M. Armand ?