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Perrichon. — Ma reconnaissance ne finira qu’avec ma vie… Çà !… tant que le cœur de Perrichon battra. Mais, entre nous, le service qu’il m’a rendu n’est pas aussi grand que ma femme et ma fille veulent bien le dire.

Daniel, étonné. — Ah bah !

Perrichon. — Oui. Elles se montent la tête. Mais, vous savez, les femmes !…

Daniel. — Cependant, quand Armand vous a arrêté, vous rouliez…

Perrichon. — Je roulais, c’est vrai… Mais, avec une présence d’esprit étonnante… j’avais aperçu un petit sapin après lequel j’allais me cramponner ; je le tenais déjà quand votre ami est arrivé.

Daniel, à part. — Tiens, tiens ! vous allez voir qu’il s’est sauvé tout seul.

Perrichon. — Au reste, je ne lui sais pas moins gré de sa bonne intention… Je compte le revoir… lui réitérer mes remerciements… je l’inviterai même cet hiver.

Daniel, à part. — Une tasse de thé !

Perrichon. — Il paraît que ce n’est pas la première fois qu’un pareil accident arrive à cet endroit-là… c’est un mauvais pas… L’Aubergiste vient de me raconter que, l’an dernier, un Russe… un prince… très bon cavalier !… car ma femme a beau dire, ça ne tient pas à mes éperons ! avait roulé dans le même trou.

Daniel. — En vérité ?

Perrichon. — Son guide l’a retiré… Vous voyez qu’on s’en retire parfaitement… Eh bien, le Russe lui a donné cent francs !

Daniel. — C’est très bien payé !