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Madame Perrichon. — C’est ta faute !… tu nous presses, tu nous bouscules !… je n’aime pas à voyager comme ça !

Perrichon. — C’est le départ qui est laborieux… une fois que nous serons casés !… Restez là, je vais prendre les billets… (Donnant son chapeau à Henriette.) Tiens, garde-moi mon panama… (Au guichet.) Trois premières pour Lyon !…

L’employé, brusquement. — Ce n’est pas ouvert ! Dans un quart d’heure !

Perrichon, à l’employé. — Ah ! pardon ! c’est la première fois que je voyage… (Revenant à sa femme.) Nous sommes en avance.

Madame Perrichon. — Là ! quand je te disais que nous avions le temps… Tu ne nous as pas laissés déjeuner !

Perrichon. — Il vaut mieux être en avance !… on examine la gare ! (À Henriette.) Eh bien, petite fille, es-tu contente ?… Nous voilà partis !… encore quelques minutes, et, rapides comme la flèche de Guillaume Tell, nous nous élancerons vers les Alpes ! (À sa femme.) Tu as pris la lorgnette ?

Madame Perrichon. — Mais oui !

Henriette, à son père. — Sans reproches, voilà au moins deux ans que tu nous promets ce voyage.

Perrichon. — Ma fille, il fallait que j’eusse vendu mon fonds… Un commerçant ne se retire pas aussi facilement des affaires qu’une petite fille de son pensionnat… D’ailleurs, j’attendais que ton éducation fût terminée pour la compléter en faisant rayonner devant toi le grand spectacle de la nature !

Madame Perrichon. — Ah çà ! est-ce que vous allez continuer comme ça ?…