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fin de roman

tout le passé remonta dans l’esprit de la femme. Contemplant la figure de l’homme qu’elle avait aimé pendant tant d’années, les chimères qui avaient obscurci et troublé son esprit s’évanouirent. Elle crut s’éveiller d’un mauvais rêve, d’un cauchemar.

— Mon ami, mon cher ami, dit-elle, lui prenant la main et la serrant dans la sienne, pendant que des larmes d’émotion coulaient de ses yeux. Elle l’amena à sa maison.

La promesse solennelle au jeune prêtre n’existait plus. Ce fut un regain de passion. Près l’un de l’autre, l’homme et la femme s’efforçaient d’oublier les heures mauvaises qu’ils avaient vécues et ils goûtaient toute la tendresse que deux êtres aimants peuvent éprouver.

De nouveau, toutefois, Paul Amiens informa Mme Louye que sa femme était retournée le voir.

— C’est une pauvre épave, dit-il. Elle est absolument sans ressource, pratiquement dans la rue.

— Et elle te demande encore de la reprendre ?

— Oui, mais elle doit se rendre compte que toutes ses démarches sont inutiles.

La vie suivait son cours.

Un soir que Mme Louye était seule, l’on sonna à la porte. Surprise, elle alla ouvrir. C’était deux policiers des routes provinciales.

— Nous avons une pénible nouvelle à vous annoncer, madame, déclara le plus vieux des deux hommes.

Mme Louye fut toute secouée par l’approche de ce malheur qui allait s’abattre sur elle.

— Votre fils, M. l’abbé Marc Louye a été victime d’un accident d’automobile cet avant-midi.

L’homme fit une pause, puis il jeta ces trois simples mots : Il est mort.