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teur, à la tête d’une famille de 5 ou 6 garçons, aurait bien voulu les établir dans leur paroisse natale, mais les propriétés étaient d’un prix trop élevé. À peine ses revenus suffisaient-ils à nourrir et à élever sa nombreuse progéniture. Les fabriques étaient remplies d’ouvriers et les magasins de commis. Ce bon père regardait d’un œil attristé l’immense région de nos bonnes terres incultes, mais cette région lui était fermée par le manque de routes et de chemins de fer. Se faire homme de peine, se soumettre à ce triste régime, c’était trop pénible pour lui, surtout dans son propre pays. Il ne restait plus d’autre alternative à ses enfants que de prendre le chemin des États sillonnés de chemins de fer, où l’industrie marchait à pas de géant et réclamait l’emploi immédiat de bras innombrables. Il faut ajouter que pour un certain nombre une mauvaise culture, le luxe, les folles dépenses, quelques fois, hélas ! l’ivrognerie, un tempérament aventureux que nous tenons des Normands, ont pu accélérer cet exode de nos nationaux. Il n’y a d’autre moyen de réagir contre ce courant qui nous décime que de pousser fortement notre population à coloniser surtout dans ce temps où le Canada offre, pour y vivre, autant d’avantages que les États-Unis.

Façonnée à la vie dure et pénible des champs, la race canadienne possède des aptitudes particulières pour coloniser.

Il est vrai que la colonisation a fait de grands progrès, depuis un certain nombre d’années, grâce aux chemins