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quel est le cultivateur qui ne pourrait pas, relativement à peu de frais, se tailler un domaine dans les Laurentides ou les cantons du sud, et se créer un troupeau de quinze à vingt vaches, bonnes laitières, et de 40 à 50 moutons, sans parler de la récolte de ses grains, légumes et fourrages ? Il n’y a qu’à y penser pour le vouloir. Nous exportons pour $8,000,000 de beurre et de fromage en Europe. C’est une exportation qui peut être doublée, triplée en peu d’années. Nos fromages sont cotés au plus haut prix sur les marchés anglais et belges. Notre beurre n’a pas la même réputation et il ne tient qu’à nous de l’obtenir.

Si nous le désirons fermement, notre beurre pourra rivaliser avec celui du Danemark, de la Hollande ou de la Normandie, comme nous le faisons pour le fromage. Dans ces matières et dans les mêmes conditions, je ne désespère pas d’atteindre à la perfection des autres nations ; pour cela il nous faudrait un inspecteur de beurre parfaitement qualifié et d’une réputation inattaquable, qui, par un examen sévère et intelligent, donnerait une bonne réputation à ce produit si important de nos fermes.

Il est prouvé par des faits indéniables que l’élevage des bestiaux, (à moins de cultiver près des villes) pour la fabrication du beurre et du fromage, est l’exploitation agricole la plus payante. J’ai toujours remarqué que le cultivateur qui s’y livrait avec patience et intelligence s’enrichissait à vue d’œil, tandis que ses voisins, qui