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« Le Chant de la Paix »

billon de poussière sur la route boisée qui longeait les terres du château de la Roche-Brune.

Après qu’il eut disparu Rita resta quelques instants songeuse. Se retrouvant de nouveau parmi ses fleurs elle chercha dans la lecture une distraction qu’elle ne pouvait trouver. Sans cesse son esprit se reportait vers lui. Son cœur se brisait à la pensée qu’elle ne devait plus le revoir malgré toute la sympathie qu’il lui avait inspirée. Orpheline, sans beauté, ni fortune, son esprit éclairé voyait l’inutilité de pousser plus loin l’aventure. Après avoir réfléchi profondément, elle résolut de ne plus chanter à l’heure où devait passer l’étranger, espérant que par son silence elle l’éloignerait pour toujours. Mais là encore, Rita se trompait, l’officier ne sachant à quoi attribuer le mutisme de la chanteuse, croyant l’avoir froissée par ses manières d’agir résolut un jour d’aller au château lui présenter ses excuses. La domestique chargée de recevoir les visiteurs ne lui cacha nullement la surprise que lui causait sa présence au château. Dominant avec peine le trouble qui l’envahissait, celui-ci réussit pourtant à balbutier :

— « Excusez-moi, madame, l’art m’attire irrésistiblement. Sachant qu’habite ici une artiste incomparable, je me suis permis, au risque même d’être impoli, de venir troubler la solitude apparente de votre château ».

Rassurée par l’air distingué de ce visiteur, la domestique changea subitement d’attitude et lui dit :

— « Il se peut, monsieur, que ce château ait une apparence un peu austère, mais soyez assuré que ceux qui l’habitent accueillent toujours avec courtoisie les visiteurs qui s’y présentent.

— « Pour cela, je vous l’affirme, madame, que vos paroles ne font que confirmer mes pressentiments, j’en suis fort heureux. Il me sera de cette manière plus facile de confesser ma faute et d’en obtenir le pardon, si c’est possible.