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Roman illustré du « Soleil »
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CHAPITRE XV

LA RENCONTRE DE DEUX GRANDES ÂMES.
LA MORT DE RITA.


Rita au fond d’un cachot sombre, meurtrie par les coups qu’elle avait endurés en gravissant son douloureux calvaire, les mains chargées de lourdes chaînes, gisait sur un misérable grabat.

La nuit qu’elle avait passée avait été pour elle une longue agonie, au cours de laquelle son esprit avait pu mesurer les futilités de la terre… N’avait-il pas suffi en effet de quelques mots pour attirer sur elle la haine de tout un peuple, et sauver peut-être par là son pays ?… Qui donc maintenant croirait à son innocence après tout ce qui s’était passé ?… Personne sans doute ! Pourtant c’était bien une innocente que l’aube devait voir tomber sous des balles. Ces réflexions attristaient profondément la jeune fille, mais ce qui mettait le comble à sa douleur, c’était la pensée que là-bas, Jean ainsi que ses bienfaiteurs, au château, croyaient eux aussi à sa culpabilité.

Comme la vie en ce moment lui apparaissait effarante ! Se trouvait-il vraiment des ennemis sur la terre ou le monde ne se trouvait-il pas plutôt ennemi de lui-même en cherchant à détruire les commandements de Dieu pour n’écouter que ses viles passions.

Ainsi, celui qui avait engendré cette guerre, causé toutes ces désolations, se trouvait-il heureux en ce moment ? Non, sans doute… L’arme traîtresse qu’il avait brandie dans un geste d’orgueil semblait se retourner contre lui même, et le faire par contre son propre ennemi. Que de haines souvent injustifiées allument au cœur des humains des foyers de douleurs ! La guerre qui sévissait en ce moment n’en apportait-elle pas un frappant exemple ? Condamnée maintenant à mourir, et se souvenant du cri de sa conscience lorsque vaincue par le désespoir elle voulut puiser dans