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qui suit le mouvement scientifique à ce que les savants fussent en possession d’une « langue auxiliaire internationale ».

Sur la possibilité même de cette langue, au point de vue scientifique, je ne dirai rien, parce que j’aurais trop à dire. J’avouerai en un mot que je n’y crois pas et que l’esperanto ne me donne pas de plus sérieuses illusions dans le domaine de la physiologie que dans celui du commerce, et pour des motifs analogues, en ce qui touche au vocabulaire.

D’ailleurs, l’idée de créer des langues artificielles, quand il y en a deux ou trois mille de bien vivantes sur la surface du globe ! Que l’homme est donc un animal qui aime à perdre son temps ! Supposons cependant la question dénouée et l’esperanto sous toutes les plumes scientifiques. Le problème qui ne préoccupait ni Descartes, ni Leibnitz a trouvé sa solution. Le monde savant du xxe siècle a sa langue particulière, l’esperanto, comme le monde savant du xviie siècle avait la sienne, le latin[1]. La science est rigoureusement devenue internationale : elle se fait en esperanto, c’est dire qu’elle n’existe presque plus.

Il y a eu un très grand bonheur pour les peuples catholiques, c’est que la théologie y a évolué en latin, c’est-à-dire dans une langue inaccessible à la fois au peuple et

  1. Nicole traduisit les Provinciales en latin pour les vulgariser, Milton écrivait en latin les pamphlets qu’il destinait à l’Europe entière.