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luigos la apartamenton po 600 frankoj por unu monato, prezo guste duobla rilate al la vera valoro. »

Allez donc, au sortir de cet argot faire comprendre à un espérantiste, des vers de Racine.

Ariane ! ma sœur, de quel amour blessée

Vous mourûtes au bord où vous fûtes laissée…
La Thessalie entière ou vaincue ou calmée,
Lesbos même conquise en attendant l’armée

Ne sont, d’Achille oisif, que les amusements.…

Et pour la vague satisfaction de correspondre avec deux ou trois niais d’Outre-Danube ou d’Outre-Rhin, vous détruiriez chez un adolescent le sens plastique de sa langue natale.

D’autre part, si vraiment l’esperanto est une langue facile[1], vous donnerez à vos adeptes le goût du moindre effort : vous les priverez de la surprise de découvrir une couleur ou un sens nouveau dans la phrase ; vous supprimerez l’effort de leur pensée en éveil ; vous supprimerez la curiosité.

Et ce sera vainement que trois siècles de littérature auront passé, enrichissant notre langue de tournures et de nuances nouvelles. Le progrès sera, pour vous, de revenir au balbutiement, à l’exercice mnemotechnique. Il ne faudra plus essayer de comprendre. On devra se souvenir.

  1. Il est évident que s’il est difficile, il n’a pas de raison d’exister…