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[ch. iii.]
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RUTH.

les vivants, il l’a gardée aussi pour les morts. Et de nouveau, elle dit : Cet homme est notre parent.

21. Alors Ruth : Il m’a, dit-elle, ordonné encore ceci, de me joindre à ses moissonneurs, jusqu’à ce que tous les grains seraient recueillis.

22. Sa belle-mère lui répondit : Il vaut mieux, ma fille, que tu sortes avec ses jeunes filles pour moissonner, afin que personne ne t’inquiète dans le champ d’un autre.

23. C’est pourquoi elle se joignit aux jeunes filles de Booz, et moissonna avec elles, jusqu’à ce que les orges et le froment eussent été serrés dans les greniers.

CHAPITRE 3.


1. Or, après que Ruth fut retournée près de sa belle-mère, elle entendit d’elle : Ma fille, je chercherai pour toi du repos, et je pourvoirai à ce que bien t’arrive.

2. Ce Booz, aux jeunes filles duquel tu t’es jointe dans le champ, est notre parent ; et cette nuit il vanne l’aire de l’orge.[1]

3. Lave-toi donc, parfume-toi, revêts-toi de tes plus beaux habits, et descends dans l’aire : que cet homme ne te voie point, jusqu’à ce qu’il ait fini de manger et de boire.

4. Mais quand il ira dormir, remarque le lieu, où il dort ; et tu viendras, et tu découvriras la couverture dont il est couvert du côté des pieds, puis tu te coucheras, et tu demeureras là ; mais lui-même te dira ce que tu dois faire.

5. Ruth répondit : Tout ce que vous ordonnerez, je le ferai.

6. Elle descendit donc dans l’aire, et elle fit tout ce que sa belle-mère lui avait commandé.

7. Et lorsque Booz eut mangé et bu, et qu’il fut devenu plus gai, et qu’il fut allé dormir près du tas de gerbes, elle vint secrètement, et, la couverture écartée du côté des pieds, elle se coucha.[2]

8. Et voilà qu’au milieu même de la nuit cet homme fut effrayé

  1. Rt. 3,2 : Il vanne l’aire de l’orge ; pour il vanne l’orge de l’aire, ou dans l’aire. ― Quand on se reporte à la simplicité des mœurs de ces anciens temps, et que l’on examine sans prévention l’ensemble de ce récit, on est loin de le trouver scandaleux comme l’ont trouvé quelques incrédules, affectant une chasteté, qu’ils n’avaient peut-être pas dans le cœur.
  2. Rt. 3,7 : * Et qu’il fut allé dormir près du tas de gerbes. Depuis le moment où le blé commence à être transporté sur l’aire jusqu’au jour où il en est enlevé, après avoir été battu et vanné, le propriétaire dort la nuit à côté de ses gerbes, dont quelques-unes lui servent de couche et le garantissent de la rosée de la nuit. Il est nécessaire de garder ainsi la récolte pour la garantir contre les voleurs, si l’aire n’est pas éloignée d’un village, ou pour la mettre à l’abri des ravages des sangliers, quand on est loin des lieux habités. Dans les parties montagneuses de la Palestine, les cerfs et les ours sont aussi à redouter pour les monceaux de blé. Sur les bords du Jourdain, les cultivateurs sont souvent obligés de couper les récoltes avant qu’elles soient entièrement mûres, pour les dérober aux Bédouins qui viennent du désert, s’emparent des grains, les chargent sur leurs chameaux ou leurs chevaux et les emportent.