Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/523

Cette page n’a pas encore été corrigée

12. Son maître lui répondit : Je n’entrerai point dans la ville d’une nation étrangère, qui n’est point des enfants d’Israël ; mais je passerai jusqu’à Gabaa ;[1]

13. Et lorsque j’y serai parvenu, nous y demeurerons, ou au moins dans la ville de Rama.

14. Ils passèrent donc Jébus, et ils continuaient le chemin commencé, et le soleil se couchait pour eux près de Gabaa, qui est dans la tribu de Benjamin ;

15. Et ils se dirigèrent vers cette ville pour y demeurer. Lorsqu’ils y furent entrés, ils s’assirent sur la place de la ville, et nul ne voulut leur donner l’hospitalité.

16. Mais voilà que parut un homme vieux, revenant de la campagne et de son travail, sur le soir, qui lui aussi était de la montagne d’Ephraïm, et qui habitait comme étranger à Gabaa. Or, les hommes de la contrée étaient enfants de Jémini.

17. Et, les yeux levés, ce vieillard vit le Lévite assis avec ses bagages sur la place de la ville, et il lui demanda : D’où viens-tu ? et où vas-tu ?

18. Celui-ci lui répondit : Nous sommes partis de Bethléhem de Juda, et nous nous rendons à notre demeure, qui est sur le côté de la montagne d’Ephraïm, d’où nous étions allés à Bethléhem ; et maintenant nous allons à la maison de Dieu, et nul ne veut nous recevoir sous son toit,[2]

19. Quoique nous ayons de la paille et du foin pour la pâture des ânes, et du pain et du vin pour mon usage, et celui de votre servante, et du serviteur qui est avec moi : nous n’avons besoin de rien, si ce n’est d’un logement.

20. Le vieillard lui répondit : La paix soit avec vous ! c’est moi qui donnerai tout ce qui est nécessaire, seulement, je te prie, ne demeure point sur la place.

21. Et il l’introduisit dans sa maison, et il donna à manger aux ânes ; et après qu’eux-mêmes eurent lavé leurs pieds, il leur donna un repas.

22. Pendant qu’ils mangeaient, et qu’après la fatigue du chemin ils redonnaient des forces à leurs corps en mangeant et en buvant, il vint des hommes de cette ville, fils de Bélial (c’est-à-dire sans joug); et environnant la maison du vieillard, ils se mirent à frapper à la porte, criant au maître de la maison, et disant : Fais sortir l’homme qui est entré dans ta maison, afin que nous en abusions.[3]

23. Alors le vieillard sortit vers eux et dit : Gardez-vous, mes frères, gardez-vous de faire ce mal : cet homme est entré sous mon toit hospitalier ; et renoncez à cette folie :

  1. Juges 19,12 : Gabaa, aujourd’hui Tuleil el-Fûl.
  2. Juges 19,18 : À la maison de Dieu ; auprès du saint tabernacle, qui est à Silo ; ou bien à Silo où est le tabernacle ; car quelquefois Silo elle-même est appelée maison de Dieu. Voir Juges, 20, 18. ― Par l’expression, votre servante, le Lévite désigne sa propre femme.
  3. Juges 19,22 : Voir Genèse, 19, 5. ― Sans joug ; c’est-à-dire ne pouvant supporter aucun joug, indisciplinés, indomptables. Selon l’étymologie, Bélial signifie sans utilité, vaurien. Comparer 2 Corinthiens, note 6.15.