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à Balaam, fils de Béor, devin, qui habitait sur le fleuve du pays des enfants d’Ammon, pour l’appeler et lui dire : Voilà qu’un peuple est sorti de l’Egypte ; il a couvert la surface de la terre, campé vis-à-vis de moi.[1]

6. Viens donc, et maudis ce peuple, parce qu’il est plus fort que moi : si par quelque moyen je pourrais le battre et le chasser de ma terre : car je sais que sera béni celui que tu béniras, et maudit celui sur qui tu accumuleras les malédictions.

7. Ainsi, les vieillards de Moab et les anciens de Madian allèrent, ayant le prix de la divination dans leurs mains. Or, lorsqu’ils furent venus auprès de Balaam, et qu’ils lui eurent raconté toutes les paroles de Balac,

8. Balaam répondit : Demeurez ici cette nuit, et je vous répondrai tout ce que m’aura dit le Seigneur. Ceux-ci demeurant chez Balaam and no_verset=Dieu vint et lui dit :

9. Que signifient ces hommes chez toi ?

10. Il répondit : Balac, fils de Séphor, roi des Moabites, a envoyé vers moi,

11. Disant : Voilà qu’un peuple, qui est sorti de l’Egypte, a couvert la surface de la terre : viens et maudis-le : si par quelque moyen je pouvais, en le combattant, le chasser.

12. Et Dieu dit à Balaam : Ne va pas avec eux, et ne maudis pas ce peuple, parce qu’il est béni,

13. Balaam s’étant levé le matin, dit aux princes : Allez en votre terre, parce que le Seigneur m’a défendu d’aller avec vous.

14. Etant retournés, les princes dirent à Balac : Balaam n’a pas voulu venir avec nous.

15. Balac envoya de nouveau des messagers beaucoup plus nombreux et plus nobles que ceux qu’il avait d’abord envoyés.

16. Lorsqu’ils furent venus chez Balaam, ils dirent : Ainsi dit Balac, fils de Séphor : Ne tarde pas à venir vers moi ;

17. Je suis prêt à t’honorer, et tout ce que tu voudras, je te le donnerai ; viens, et maudis ce peuple.

18. Balaam répondit : Si Balac me donnait sa maison pleine d’argent et d’or, je ne pourrais changer la parole du Seigneur mon Dieu, pour dire plus ou moins.[2]

19. Je demande instamment

  1. Nb. 22,5 : Voir Deutéronome, 23, 5 ; Josué, 24, 9. ― Le fleuve ; c’est-à-dire l’Euphrate, d’après la paraphrase chaldaïque et la version arabe. Ajoutons que les Hébreux appelaient en effet l’Euphrate du nom générique de fleuve, mais en le faisant précéder de l’article déterminatif. ― Balaam était originaire de Pethor, ville située dans le nord de Mésopotamie, sur les bords de l’Euphrate, au confluent de ce fleuve et du Sagur. Au lieu de : qui habitait sur le fleuve du pays des enfants d’Ammon, le texte original porte : à Pethor, qui est sur la rivière des enfants de son peuple, c’est-à-dire du peuple de Balaam. ― Les opinions sont partagées sur le caractère de Balaam : 1o Philon, saint Ambroise, saint Augustin le regardent comme un faux prophète et un païen qui ne connaissait pas la vraie religion et que Dieu força à bénir malgré lui Israël, au lieu de le maudire ; 2o Tertullien et saint Jérôme au contraire le considèrent comme un vrai prophète qui pécha seulement par avarice et par ambition.
  2. Nb. 22,18 : Voir Nombres, 24, 13.