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APPENDICE.


tire notre Vulgate, kâ’arou, « ils ont percé, » et non ka’ari, « comme une lion, » ainsi que le porte le texte massorétique, parce que cette dernière leçon détruit le parallélisme :

Ils ont percé mes mains et mes pieds,
Ils ont compté tous mes os.
III. Le vers hébreu

L’existence d’un vers hébreu, constitué soit par la quantité prosodique des mots, soit par le nombre des syllabes, est tellement évidente dans le texte original, qu’on ne peut sérieusement la contester, quoiqu’on n’ait pas songé pendant longtemps à la remarquer. Chaque membre du parallélisme forme un vers dans la poésie hébraïque.

L’élément constitutif du vers hébreu, c’est la quantité prosodique, selon les uns, le nombre des syllabes, selon les autres. Cette dernière opinion est la plus probable.

Le vers le plus usité chez les Hébreux semble être le vers heptasyllabique ou de sept syllabes. Le livre de Job, iii-xlii, 6, et celui des Proverbes tout entier, ainsi que la plupart des Psaumes, sont en vers de cette mesure. Il y a des vers de quatre, de cinq, de six et de neuf syllabes, etc., alternant quelquefois avec des vers de mesure différente.

IV. Des strophes.

Un très grand nombre de poèmes de l’Ancien Testament sont partagés en strophes. La strophe est comme une prolongation du parallélisme, une sorte de rythme soutenu pendant une série de vers et superposé au rythme de chaque vers particulier. Ce qui constitue essentiellement la strophe, c’est qu’elle renferme une idée unique ou particulière, dont l’ensemble de vers qui la forment contient le développement complet. Chaque vers n’est qu’un anneau de la chaîne totale, qui est la strophe. La strophe est une des règles de la poésie lyrique, dans la plupart des langues. En hébreu, on ne la rencontre pas seulement dans les Psaumes, où le chant en chœur la rendait indispensable, mais aussi dans le livre de Job, où les pensées se partagent en groupes très distincts, mais naturellement moins réguliers pour la longueur que dans l’ode.

F.-B. Kœster est le premier qui ait remarqué, en 1831, l’existence des strophes dans la poésie hébraïque. Aujourd’hui elle est admise par tous les orientalistes. On peut être en désaccord pour la détermination des strophes dans un poème donné ; on est unanime à accepter le principe. Dans quelques psaumes, la division strophique est si évidente qu’il suffit de les lire pour qu’elle s’impose. Tel est, par exemple, le Ps. iii, qui se compose de quatre strophes de quatre vers (sauf la quatrième qui en a cinq) exprimant chacune une idée particulière :

Jéhovah, que mes ennemis sont nombreux !
Nombreux ceux qui s’élèvent contre moi.
Nombreux ceux qui disent de moi :
Point de salut pour lui en Dieu. — Sélah.
Mais toi, Jéhovah, tu es mon bouclier,
Ma gloire, celui qui relève ma tête.
Ma voix invoque Jéhovah
Et il m’exauce de sa montagne sainte. — Sélah
Moi je me couche et je me réveille sans inquiétude,
Parce que Jéhovah est mon soutien.
Je ne crains pas la multitude du peuple
Qui tout autour de moi me tend des pièges,
Lève-toi, Jéhovah ! sauve-moi, mon Dieu
Frappe mes ennemis à la joue,
Brise les dents des méchants.
A Jéhovah le salut !
Sur ton peuple ta bénédiction. — Sélah.
V. Poèmes acrostiches ou alphabétiques.

Il existe en Hébreu un poème d’une forme particulière, dont il noue reste à parler pour achever de faire connaître l’art poétique d’Israël ; c’est le poème alphabétique.