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INTRODUCTION.


l’efficacité de la foi, comme dans l’Epître aux Romains, ni l’inutilité des observances légales, comme dans l’Epître aux Galates ; c’est d’exposer aux fidèles d’Ephèse, ce qu’ils désirent connaître, le plan conçu par Dieu dans l’éternité et réalisé dans le temps, pour la rédemption du monde et pour la gloire des élus.

« Dieu, dit-il, n’a pas varié dans ses vues ; il a eu de toute éternité le dessein qu’il accomplit aujourd’hui. Il s’est proposé de racheter tous les hommes par son Fils incarné, et de glorifier en sa personne, en les adoptant pour enfants, tous ceux que ce divin Fils attirerait à lui, qu’il animerait de son Esprit et dont il ferait ses membres. Il a résolu de réunir en une même Eglise tous ses enfants adoptifs, de quelque nationalité qu’ils fussent, les Gentils aussi bien que les Juifs, et de faire de tous les chrétiens un seul corps ou une même personne morale, dont Jésus-Christ serait le chef : mystère adorable que l’Esprit saint a révélé à l’Apôtre, qu’il est chargé de faire connaître et qu’il travaille à réaliser. »

Voilà la vérité que S. Paul énonce d’abord, et dont il développe ensuite les conséquences. Rien de plus magnifique que le tableau qu’il trace de l’Eglise chrétienne. Il déroule avec une sorte d’enthousiasme le plan divin de la rédemption. Il le montre s’étendant à tous les âges en même temps qu’à tous les peuples. Il fait voir l’Homme-Dieu, bien au-dessus des Anges, comme le centre où tout aboutit, comme le lien qui unit toutes choses, l’homme à Dieu, la terre au ciel, les Juifs aux Gentils, de sorte que tout se consomme en sa personne pour la gloire de son Père et le salut du monde. Il insiste sur la divinité du Sauveur, sur la valeur et l’étendue de sa rédemption, sur l’unité de la sainte Eglise, sur son universalité surtout. Il demande à Dieu de faire comprendre à ses disciples l’éminence de leur vocation et la valeur infinie des grâces dont ils sont comblés. Cependant il n’entend pas faire ici un exposé du christianisme : il se borne à rendre hommage à sa sublimité, à en faire entrevoir les merveilles.

L’Epître a deux parties. Dans la première, l’Apôtre fait ressortir la grandeur de l’œuvre accomplie en Jésus-Christ, i-ii, 11 : tous les peuples et tous les individus appelés à l’adoption divine, et l’Eglise destinée à les réunir tous en son sein, et ii, 12-iii, 21. Dans la seconde, il trace aux chrétiens des règles de conduite, et donne des conseils généraux, iv-v, 21, et particuliers, v, 22-vi, pour les divers états de la vie chrétienne.

Le style peut sembler obscur et embarrassé en quelques endroits de la première partie : mais les idées sont profondes et les sentiments sublimes.

Bien qu’il y ait quelque différence entre cette Epître et les précédentes, au point de vue des idées aussi bien que du style, les esprits impartiaux et compétents ne laissent pas d’y reconnaître le cachet de l’Apôtre, — ses préoccupations ordinaires touchant l’universalité de la rédemption et la catholicité de l’Eglise ; — le sentiment qu’il a du Sauveur, de sa mission, de l’opération de sa grâce dans les âmes ; — l’ardeur de son zèle pour la propagation de l’Evangile et pour la sanctification de ses disciples ; — l’étendue et sublimité de ses vues sur la vie chrétienne, sur la nécessité et la vertu de la grâce, sur le sacrement de mariage, sur l’Eglise. On sent partout, dit Erasme, l’esprit et le cœur de S. Paul. Le tableau qu’on remarque à la fin, du soldat chrétien et de son armure spirituelle, a dû lui être suggéré, dit Michaëlis, par la vue du prétorien sous la garde duquel il était placé.

Ceux qui ont tenté d’ébranler, dans ces derniers temps, l’autorité de cette