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Cnide, le vaisseau aurait dû passer au nord de la Crète, mais à cause du temps, il alla passer au sud de l’île. ― Salmone est un promontoire à l’extrémité orientale de la Crète.</ref>

8. Et suivant la côte avec difficulté, nous vînmes en un lieu appelé Bonsports, près duquel était la ville de Thalasse.[1]

9. Beaucoup de temps s’étant ainsi écoulé, et comme la navigation n’était déjà plus sûre, le temps du jeûne se trouvant déjà passé, Paul les consolait,[2]

10. Leur disant : Hommes, je vois que la navigation commence à n’être pas sans péril et sans grand dommage, non seulement pour la cargaison et le vaisseau lui-même, mais aussi pour nos âmes.

11. Mais le centurion croyait plus au pilote et au patron qu’à ce que Paul disait.

12. Et comme le port n’était pas propre pour hiverner, la plupart émirent l’avis d’en partir, afin, s’il se pouvait, de gagner Phénice, port de Crète, qui regarde l’Africus et le Corus, et d’y passer l’hiver.[3]

13. Un vent doux du midi s’étant levé, et eux pensant qu’ils accompliraient leur dessein, levèrent l’ancre d’Asson et côtoyèrent la Crète.[4]

14. Mais, peu après, il se leva contre l’île un vent de typhon, qui est appelé euro-aquilon.[5]

15. Et comme le vaisseau était emporté, et ne pouvait résister au vent, nous nous laissâmes flotter avec le vaisseau au gré du vent.

16. Et, poussés au-dessous d’une île qui est appelée Cauda, à peine pûmes-nous être maîtres de l’esquif.[6]

17. Lorsque les matelots l’eurent enfin tiré à nous, ils lièrent le vaisseau en se faisant aider, et, craignant de donner sur la syrte, ils abaissèrent le mât, et s’abandonnèrent ainsi à la mer.[7]

  1. Act. 27,8-9 : Bonsports, au sud de la Crète, à l’ouest de Salmone, où il y a un port à l’abri des vents du nord-ouest. ― Thalasse, dans le texte grec Lasæ. Les ruines de cette ville ont été découvertes en 1 856, près du cap Léonda, non loin de Bonsports, à l’est.
  2. Act. 27,9-10 : Les consolait, etc. ; les encourageait tout en les avertissant du danger qu’ils couraient pour leur vie. Le grec porte, en effet, conseiller, exhorter, etc. ― Du jeûne du Pardon (Kippour), ou de la fête des Expiations, qui avait lieu au commencement d’octobre. Passé cette date, les voyages maritimes devenaient dangereux ; on fermait alors la navigation, pour la rouvrir au mois de mars.
  3. Act. 27,12 : Phénice, port de Crète, au sud-ouest de l’île, probablement le Lutro actuel, protégé par des rochers contre les vents du sud-ouest, l’Africus, et du nord-ouest, le Corus.
  4. Act. 27,13 : Asson. Il y a bien en Crète un village d’Assos, mais ce n’est pas un port de mer. D’après l’interprétation commune, le traducteur latin a pris pour un nom propre un mot grec qui est en réalité un adverbe, asson, plus près, et il faut traduire : ayant levé l’ancre, ils longèrent la terre, la côte de Crète, de très près.
  5. Act. 27,14-15 : Le vaisseau se dirigeait vers l’ouest. Après avoir doublé le cap Littino, il naviguait en sécurité dans la baie de Massara, lorsqu’il s’éleva un vent de typhon ou produisant des tourbillons, d’entre l’est et le nord ; la violence de ce vent emporta le navire sans qu’il fût possible d’y résister.
  6. Act. 27,16 : Le navire fut ainsi poussé au-dessous d’une île qui est appelée Cauda, aujourd’hui Gaudo, au sud de la Crète.
  7. Act. 27,17 : Lièrent ; littéralement ceignirent ; c’est-à-dire qu’ils firent au vaisseau comme une ceinture en le liant de bas en haut avec des câbles, afin d’ne consolider les flancs. ― En se faisant aider, autrement : En employant toutes sortes de moyens, comme les cordes, les crochets, etc. ; mais la première traduction paraît mieux fondée. ― Il y a deux syrtes ou bancs de sable sur la côte septentrionale de l’Afrique, la grande et la petite ; c’est de la dernière qu’il est ici question.