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INTRODUCTION.


la vocation des Gentils. Enfin il désigne Alexandre et Rufus comme fils de Simon de Cyrène, et l’on sait par S. Paul qu’ils étaient venus s’établir à Rome.

4o Son écrit est rédigé comme un simple mémorial. — On n’y remarque aucune tendance spéciale, soit apologétique, soit polémique. S. Jérôme dit que S. Marc n’a fait qu’un abrégé de l’Evangile, Papias qu’il s’est borné à mettre par écrit les prédications de S. Pierre. S. Augustin l’appelle pedissequus Matthæi « le suivant de S. Matthieu, » et Bossuet le plus divin des abréviateurs. Cependant S. Marc ne se borne pas à résumer, ou bien ce qu’il résume est plutôt l’histoire du Sauveur que le livre de S. Matthieu. En certains endroits, il change l’ordre suivi par son devancier ; en d’autres, il rafraîchit ses tableaux en les complétant par de nouveaux traits ; par exemple, dans la guérison de l’hémorrhoïsse, dans la délivrance des possédés Géraséniens, dans le récit de la mort de S. Jean-Baptiste. Encore qu’il n’ait pas plus de vingt-sept versets dont on ne trouve pas l’équivalent dans S. Matthieu ou dans S. Luc, on lui doit cependant une parabole, deux guérisons miraculeuses, celles du sourd-muet de la Décapole et de l’aveugle de Bethsaïde, et un des incidents de l’arrestation du Sauveur, auquel l’évangéliste semble ne pas être étranger.

5o Pour le style. S. Marc est net, précis, serré, mais sec et négligé. Il aime à employer dans ses récits le langage direct, et à remplacer le passé par le présent. Il affectionne les diminutifs. Il répète souvent les mêmes idées et les mêmes termes, soit à dessein pour en renforcer le sens, soit par négligence, comme et, qui reparaît à tout moment, de nouveau, et aussitôt, qu’on trouve neuf fois dans le premier chapitre.

Ainsi les caractères intrinsèques du second évangile justifient pleinement la croyance de l’Eglise sur l’origine et sur l’auteur de ce livre. (L. Bacuez.)