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L’ÉVANGILE SELON SAINT MARC.


temps, de lieux, de nombre, de personnes, d’altitude, de disposition. Par exemple, il remarque que Jaïre était chef de synagogue, que la femme du pays de Chanaan était une grecque syrophénicienne, que l’aveugle de Jéricho s’appelait Bartimée, fils de Timée, que le crime de Barabbas était le meurtre, que Joseph d’Arimathie était membre du sanhédrin, et Simon de Cyrène, père d’Alexandre et de Rufus. Il rapporte même en langue syrochaldéenne certaines paroles de Notre Seigneur. Plusieurs pensent qu’il parle de lui-même dans le récit de la Passion, sans se nommer, comme fait aussi S. Jean et peut-être S. Luc.

2o Il était particulièrement attaché à S. Pierre. — Il expose avec la plus grande précision les faits qui concernent cet Apôtre, ceux dont il a été l’auteur ou le témoin. Là où les autres évangélistes nomment les apôtres en général, S. Marc désigne S. Pierre séparément et tout d’abord, par exemple dans la guérison de sa belle-mère, dont il indique le jour, dans la résurrection de la fille de Jaïre, dans la prédiction de la ruine de Jérusalem, dans les recommandations du Sauveur ressuscité. Une autre remarque, faite par S. Chrysostome, c’est qu’il nomme S. Pierre dans les circonstances les plus propres à l’humilier, quand Notre Seigneur lui dit : « Retire-toi de moi, Satan », quand il s’endort au Jardin des Olives, quand il renie son Maître, tandis qu’il ne dit rien de sa marche sur les eaux près de Tibériade, ni des prérogatives que Notre Seigneur lui accorde en récompense de sa foi et de son amour. Du reste, S. Marc rapporte les actions de Notre Seigneur avec plus de soin que ses discours ; il semble surtout frappé des prodiges qu’il opérait et de l’empire qu’il exerçait sur les possédés. Cette particularité, en le distinguant de S. Matthieu, lui donne un rapport de plus avec le prince des Apôtres, qui se montre toujours préoccupé de la pratique. C’est ce qui a fait dire que cet Evangile n’était que la réalisation du programme tracé par S. Pierre au Cénacle et le développement des paroles dans lesquelles le même Apôtre a résumé la vie de l’Homme-Dieu : « Il a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux que le démon tourmentait. »

3o Il écrivait pour tous les Gentils, quoique spécialement pour les Romains. — C’est la principale raison pour laquelle il s’appuie rarement sur l’Ancien Testament et ne le cite presque pas. Il ne présente pas le Sauveur comme Messie, mais comme souverain du monde : il ne l’appelle pas Fils de David, mais Fils de l’homme ou Fils de Dieu, comme S. Jean qui destinait aussi son écrit aux Gentils, Il omet, comme lui, les généalogies et l’adoration des Mages, qui intéressaient spécialement les Juifs et commence son récit par la prédication de l’Evangile. Il ne nomme pas une seule fois la Loi ; il ne dit pas l’abomination « dans le sanctuaire, » mais « où elle ne doit pas être ». Dans le récit de la Passion, il passe sous silence le voile du temple déchiré, le tremblement de terre et le brisement de la pierre, qui ne se pouvaient constater qu’à Jérusalem. Il explique les usages juifs, dont il fait mention, il évalue les pièces grecques en monnaies latines, et traduit les termes araméens qu’il insère dans son récit, tandis qu’il n’explique aucune des expressions latines qu’il fait entrer dans ses phrases grecques, etc. Il prend soin de dire que le Jourdain est un fleuve, et que le mont des Oliviers est en face du temple. Il avertit que les Sadducéens ne croient pas à la résurrection, que les Pharisiens jeûnent fréquemment, que les Juifs immolent l’Agneau pascal le premier jour des Azymes, qu’ils sont en possession de remettre en liberté un prisonnier à Pâques. Les quatre paraboles qu’il reproduit ont rapport à la prédication de l’Evangile, à l’établissement de l’Eglise et à