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que vous avez tiré la louange la plus parfaite ?[1]

17. Et, les ayant quittés, il s’en alla hors de la ville à Béthanie et s’y arrêta.[2]

18. Le lendemain matin, comme il revenait à la ville, il eut faim.

19. Or apercevant un figuier près du chemin, il s’en approcha ; et n’y trouvant rien que des feuilles, il lui dit : Que jamais fruit ne naisse de toi désormais. Et à l’instant le figuier sécha.[3]

20. Ce qu’ayant vu, les disciples s’étonnèrent, disant : Comment a-t-il séché sur-le-champ ?[4]

21. Alors, Jésus prenant la parole, leur dit : En vérité, je vous dis : Si vous avez de la foi et que vous n’hésitiez point, non seulement vous ferez comme j’ai fait au figuier, mais même, si vous dites à cette montagne : Lève-toi et te jette dans la mer, cela se fera.

22. Et tout ce que vous demanderez dans la prière avec foi, vous l’obtiendrez.[5]

  1. Matth. 21,16 : Voir Psaumes, 8, 3.
  2. Matth. 21,17 : Béthanie, aujourd’hui el-Azariyéh ou Lazariéh, si célèbre par les récits de l’Evangile, est maintenant un pauvre petit village d’une vingtaine de familles. Elevé sur la pente orientale du mont des Oliviers, il est proche de l’endroit où la route de Jérusalem à Jéricho commence à descendre avec rapidité vers la vallée du Jourdain. On y montre le site traditionnel de la maison et du tombeau de Lazare, ainsi que la maison de Simon le lépreux.
  3. Matth. 21,19 : Et à l’instant le figuier sécha. « En arrivant de Béthanie à Jérusalem le matin, Jésus eut faim ; ayant vu de loin un figuier, il s’en approcha pour voir s’il s’y trouverait du fruit ; mais n’y trouvant que des feuilles, parce que ce n’était pas le temps des fruits, il le maudit. ― C’est une parabole de choses, semblable à celle des paroles qu’on trouve en saint Luc, 13, 6. Il ne faut donc point demander ce qu’avait fait ce figuier, ni ce qu’il avait mérité : car qui ne sait qu’un arbre ne mérite rien ? ni regarder cette malédiction du Sauveur par rapport au figuier, qui n’était que la matière de la parabole. Il faut voir ce qu’il représentait, c’est-à-dire la créature raisonnable qui doit toujours des fruits à son créateur en quelque temps qu’il lui en demande ; et lorsqu’il ne trouve que des feuilles, un dehors apparent, et rien de solide, il la maudit. Jésus-Christ continua son voyage et revint à Béthanie, selon sa coutume, et la matinée d’après, ses disciples s’arrêtèrent au figuier, qu’ils trouvèrent desséché depuis la racine ; et Pierre dit au Sauveur : Maître, le figuier que vous avez maudit est séché. Jésus-Christ ne voulait pas sortir de ce monde sans faire voir les effets sensibles de sa malédiction, voulant faire sentir ce qu’elle pouvait ; mais par un effet admirable de sa bonté, il frappe l’arbre et épargne l’homme. Ainsi quand il voulut faire sentir combien les démons étaient malfaisants, et jusqu’où allait leur puissance, lorsqu’il leur lâchait la main, il le fit paraître sur un troupeau de pourceaux que les démons précipitèrent dans la mer (voir Matthieu, 8, 32). Qu’il est bon et qu’il a de la peine à frapper l’homme ! » (BOSSUET.) ― Il faut d’ailleurs remarquer que Notre-Seigneur pouvait s’étonner, en Palestine, de ne pas trouver de figues sur un figuier, quoique ce ne fut pas le temps ordinaire des figues (voir Marc, 11, 13), parce qu’en Palestine les figuiers ont des fruits à peu près toute l’année, voir Luc, note 13.6. Josèphe dit qu’on cueillait des figues sur les figuiers des bords du lac de Génésareth pendant dix mois de l’année. Souvent, surtout sur les vieux arbres, il y a des figues qui ne sont pas encore mûres quand les feuilles tombent et que la végétation s’arrête ; elles ne se détachent point des arbres, mais y restent suspendues pendant tout l’hiver et deviennent bonnes à manger quand la végétation recommence au printemps. Notre-Seigneur pouvait donc trouver des fruits sur l’arbre aux environs de Pâques. Les figuiers étaient nombreux autrefois sur le mont des Oliviers et il y en a encore quelques-uns aujourd’hui.
  4. Matth. 21,20 : Voir Marc, 11, 20.
  5. Matth. 21,22 : Voir Matthieu, 7, 7 ; Marc, 11, 24 ; 1 Jean, 3, 22.