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âme, la perdra ; mais qui perdra son âme à cause de moi, la trouvera.[1]

26. Et que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? Ou que donnera l’homme en échange de son âme ?

27. Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père avec ses anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.[2]

28. En vérité, je vous dis : Il y en a quelques-uns ici présents, qui ne goûteront pas de la mort jusqu’à ce qu’ils voient le Fils de l’homme venant dans son royaume.[3]

CHAPITRE 17.


1. Six jours après, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère, et les conduisit sur une haute montagne, à l’écart.[4]

2. Et il fut transfiguré devant eux ; sa face resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige.

3. Et voilà que Moïse et Elie leur apparurent, s’entretenant avec lui.

4. Or, prenant la parole, Pierre dit à Jésus : Seigneur, il nous est bon d’être ici ; si vous voulez, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Elie.

5. Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit. Et voici une voix de la nuée, disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances. Ecoutez-le.[5]

6. Or, les disciples entendant cela, tombèrent sur leur face, et

  1. Matth. 16,25 : Voir Luc, 17, 33 ; Jean, 12, 25. ― Car celui qui voudra sauver, etc. Comparer à Matthieu, 10, 39 (voir la note).
  2. Matth. 16,27 : Voir Actes des Apôtres, 17, 31 ; Romains, 2, 6.
  3. Matth. 16,28 : Voir Matthieu, 16, 27-28 (inutile). ― Plusieurs Pères de l’Eglise croient que le Sauveur veut parler de sa transfiguration, rapportée dans le chapitre suivant ; l’expression quelques-uns de ceux qui sont ici donne à ce sentiment une probabilité. ― Néanmoins, à cause des nombreux passages parallèles, dans lesquels le texte ne peut s’entendre de la Transfiguration, comme le verset précédent (27) ou en Matthieu, 24, 30 et Luc, 21, 27, on peut donner avec d’autres interprètes l’explication suivante. Il faut d’abord faire remarquer que cette annonce est confirmée par les quatre évangélistes et la comparaison des textes permet d’éclaircir le sens. Au lieu de : Venant dans son royaume, saint Marc, 8, 39, dit : « Le Royaume de Dieu venant dans sa puissance ». Dans saint Matthieu, 10, 23, le Christ leur dit : « Vous n’aurez pas fini d’évangéliser toutes les villes d’Israël jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme. » Dans saint Jean, 21, 22, le Christ dit : « Je veux qu’il [saint Jean] demeure [vivant] jusqu’à ce que je vienne. » Saint Luc écrit pareillement : « Quelques-uns sont ici qui ne goûteront point la mort qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu » (voir Luc, 9, 27). Si Jésus annonce que l’évangélisation de toutes les villes d’Israël ne sera pas achevée (voir Matthieu, 10, 23), alors que pourtant viendra le Fils de l’homme « dans sa Puissance », ce royaume annoncé ne pouvait être le règne de Dieu dans les âmes (à peine commencé), comme le pense J.-H. MICHON. Qu’est-ce alors ? CRAMPON pense à la ruine de Jérusalem en l’an 70 et à l’établissement du christianisme tout en indiquant qu’il ne s’agit là que du premier acte, de la figure, de ce qui doit s’accomplir complètement à la fin des temps. « Pendant tout le premier siècle, il y eut au sein de l’Eglise cette croyance que Jésus allait paraître dans le monde, pour y établir son règne dorénavant triomphant et glorieux. » (MICHON) Mais pourquoi n’est-il pas arrivé au temps annoncé ? Nous en donnons une explication en Jean, note 21.22.
  4. Matth. 17,1 : Voir Marc, 9, 1 ; Luc, 9, 28. ― Sur une haute montagne. On croit communément que c’est le Thabor dans la Galilée. ― C’est l’opinion qui a été soutenue par Eusèbe et saint Jérôme. Elle est néanmoins aujourd’hui très contestée, parce que le Sauveur était précédemment fort loin du Thabor, à Césarée de Philippe (voir Matthieu, 16, 13) et qu’après la transfiguration, les Evangélistes parlent de son retour en Galilée (voir Matthieu, 17, 21 ; Marc, 9, 29), sans mentionner aucun voyage dans l’intervalle. On pense donc que la montagne de la Transfiguration était située plus au nord, et à l’est du Jourdain, mais sans pouvoir la déterminer d’une manière précise.
  5. Matth. 17,5 : Voir Matthieu, 3, 17 ; 2 Pierre, 1, 17.