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JUGEMENT

DES CRITIQUES LES PLUS HABILES ET DES INTERPRÈTES LES PLUS SAVANTS DU PROTESTANTISME SUR LA VULGATE


1. Louis de Dieu, si versé dans la connaissance des langues orientales, comparant la Vulgate avec les traductions latines du Nouveau Testament faites par Bèze et par Érasme, dit : « Si j’affirme que l’auteur de la Vulgate, quel qu’il soit, est un savant et un très savant homme, je ne croirai pas avoir mal jugé. Il a des défauts, je l’avoue, il a aussi ses barbarismes ; mais je ne puis nier que j’admire partout sa bonne foi et son jugement, même dans les endroits où il paraît barbare (1). » Cet auteur ne s’est pas borné à cet aveu ; dans ses remarques tant sur l’Ancien que sur le Nouveau Testament, il appuie souvent la Vulgate et la défend contre ceux qui l’attaquent,

2. Grotius, rendant raison du motif qui l’a porté à choisir la Vulgate pour en faire le fond de ses notes sur l’Ancien Testament, dit : « J’ai toujours beaucoup estimé cette version, non seulement parce qu’elle ne renferme rien de contraire à la saine doctrine (nulla dogmata insalubria continet), mais encore parce que son auteur est plein d’érudition (2). »

3. Paul Fage traite de demi-savants et d’impudents tous ceux qui osent mal parler de cette version : « Non est ergo temere nata Vulgata editio, ut quidam scioli stulte et impudenter clamitant (3). »

4. Drusius loue le concile de Trente d’avoir donné à la Vulgate la sanction de son autorité, « parce que, dit-il, les versions nouvelles ne sont pas meilleures que cette ancienne, et qu’elles ont peut-être de plus grands défauts (4). »

5. Thomas Hartwel Horne, quoique n’ayant pas une grande autorité parmi les critiques, peut d’autant mieux être invoqué en faveur de la Vulgate, qu’étant anglican, son jugement n’est pas suspect, et qu’il parle d’après l’opinion commune de ses coreligionnaires. Cet écrivain dit donc que, « bien que la Vulgate ne soit ni inspirée, ni infaillible…, il est cependant reconnu qu’elle est en général une version fidèle, qu’elle rend assez souvent le sens des Écritures avec plus d’exactitude que les versions plus modernes…, et que, par conséquent, elle ne doit en aucune manière être négligée dans la critique biblique (5). »

6. W. Gesenius, mort en 1842, était assurément l’hébraisant le plus habile de l’époque ; eh bien, ce savant philologue, malgré ses préjugés dogmatiques et

  1. (1) Notæ ad Evangelia, passim.
  2. (2) Præfat. annotationum in Vet. Test.
  3. (3) Præfat. ad collat. translat. Vet. Test.
  4. (4) Loca difficilia Pentateuchi.
  5. (5) An Introd. to the critical study and Knowledge of the holy Scriptures, vol. II, part. I, page 239. Eighth édition.