Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avertissement

En publiant notre traduction du Nouveau Testament avant celle de l’Ancien, nous avons déféré à l’avis de plusieurs évêques, d’un grand nombre de prêtres de différents pays et du Souverain Pontife lui-même ; et nous l’avons fait avec d’autant plus d’empressement, qu’ils sont les meilleurs juges d’une pareille anticipation. Mais, par là même, nous avons dû mettre en tête des éditions du Nouveau Testament un avertissement qui y devenait nécessaire, quoique sa place naturelle fût immédiatement avant la traduction de l’Ancien. Nous reproduisons donc ici cet avertissement, en y faisant, toutefois, des additions nécessitées par certaines circonstances.

Bien que préparé à cette traduction par une étude des langues et de la science bibliques, continuée pendant plus de quarante années, nous n’aurions osé entreprendre une tâche aussi difficile, si nous n’y avions été fortement engagé, et en France et en plusieurs pays étrangers, par des hommes dont l’autorité doit être du plus grand poids pour nous. Si donc il y a eu témérité de notre part, nous espérons trouver dans ces encouragements une excuse légitime.

Nous avions d’abord pensé à reproduire la version de Sacy, avec de nombreux changements ; mais, après un examen plus approfondi et une confrontation plus rigoureuse de cette version avec la Vulgate, nous avons dû renoncer à cette idée. Sacy, en effet, est moins traducteur que paraphraste ; il semble même, dans une multitude de passages, affecter de s’écarter de la lettre, sans qu’il y ait le plus léger motif qui puisse l’y obliger. Aussi, il faut bien le reconnaître, si la traduction se recommande par une grande pureté et une certaine élégance de style, elle ne laisse pas même entrevoir qu’elle soit la représentation d’un texte qui a conservé dans tout leur naturel les couleurs si vives et si tranchées de la composition orientale dont il émane. Ajoutons que ce mode de traduction libre, tout en mettant fort à l’aise le traducteur lui-même, laisse souvent la pensée de l’écrivain sacré dans un vague et une obscurité qui ne permettent pas au lecteur de la saisir d’une manière claire et précise. De là vient que quand on compare Sacy avec saint Jérôme, on ne comprend pas toujours quel rapport il peut y avoir entre l’un et l’autre.