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vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent pas ; mais une terreur extraordinaire se saisit d’eux, et ils s’enfuirent dans un lieu caché.

8. Mais moi étant demeuré seul, je vis cette grande vision ; et il ne resta pas en moi de force ; mais même mon visage fut changé en moi, et je séchai, et je n’eus aucune force.

9. Et j’entendis la voix de ses paroles ; et, en l’entendant, j’étais couché tout consterné sur ma face, et mon visage était collé à la terre.

10. Et voici qu’une main me toucha, et me dressa sur mes genoux et sur le plat de mes mains.

11. Et la voix me dit : Daniel, homme de désirs, entends les paroles que je te dis, et tiens-loi sur tes pieds ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et lorsqu’il m’eut dit ces paroles, je me tins debout tremblant.[1]

12. Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, parce que dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre, afin de t’affliger en présence de ton Dieu, les paroles ont été entendues ; et je suis venu à cause de tes discours.

13. Or le prince du royaume des Perses m’a résisté durant vingt et un jours : et voilà que Michel, un des premiers princes, est venu à mon secours, et moi, je suis demeuré là près du roi des Perses.[2]

14. Mais je suis venu afin de l’apprendre ce qui doit arriver à ton peuple dans les derniers jours ; parce que la vision est encore pour ces jours.[3]

15. Et lorsqu’il me disait de telles paroles, j’abaissai mon visage contre terre, et je me tins en silence.

16. Et voici que comme la ressemblance du fils d’un homme toucha mes lèvres ; et ouvrant ma bouche, je parlai et je dis à celui qui était debout vis-à-vis de moi : Mon Seigneur, à votre vue mes jointures se sont brisées, et il n’est rien resté en moi de mes forces.[4]

17. Et comment le serviteur de mon Seigneur pourra-t-il parler avec mon Seigneur ? car il n’est rien resté en moi de mes forces, et même ma respiration est arrêtée.

  1. Dn. 10,11 : Homme de désirs. Voir Daniel, 9, 23.
  2. Dn. 10,13 : Le prince du royaume des Perses ; c’est-à-dire, selon saint Jérôme, Théodoret, saint Chrysostome, saint Grégoire le Grand, plusieurs autres Pères et la plupart des interprètes, l’ange protecteur du royaume des Perses. Il est appelé prince, comme l’archange saint Michel lui-même. Ce prince des Perses désirait que les Juifs demeurassent dans la Perse, le plus longtemps possible, afin d’y propager la connaissance et le culte du vrai Dieu, tandis que Gabriel et Michel souhaitaient de les voir retourner dans leur patrie pour y rétablir la ville et le temple. Le concours de l’archange Michel a pour objet d’une part de faire connaître à l’ange protecteur des Perses la volonté prise de Dieu, et de l’autre, de persuader au roi des Perses de laisser partir les Juifs, ce en quoi néanmoins il ne réussit qu’après que Gabriel eut achevé sa mission.
  3. Dn. 10,14 : La vision, etc. ; c’est-à-dire, ne s’accomplira que dans ces derniers jours. ― Le mot ces de notre traduction est suffisamment justifié par l’article déterminatif qui dans le texte hébreu se trouve attaché au mot jours.
  4. Dn. 10,16 : Comme la ressemblance, etc. C’est l’ange Gabriel. ― Du fils d’un homme. Voir sur cette expression, Daniel, 2, 38. ― Mes jointures ; les jointures de mes lombes. Voir Daniel, 5, 6.