Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2047

Cette page n’a pas encore été corrigée

5. Et je considérais attentivement ; mais voici qu’un bouc de chèvres venait de l’occident sur la face de toute la terre, et il ne touchait pas la terre ; or le bouc avait une corne remarquable entre les yeux.[1]

6. Et il vint jusqu’à ce bélier qui avait des cornes, et que j’avais vu se tenant devant la porte, et il courut à lui dans l’impétuosité de sa force.

7. Et lorsqu’il fut près du bélier, il se jeta avec furie sur lui, et le frappa, et brisa ses deux cornes ; et le bélier ne pouvait lui résister ; et lorsqu’il l’eut jeté à terre, il le foula aux pieds, et personne ne pouvait délivrer le bélier de sa puissance.

8. Alors le bouc des chèvres devint extrêmement grand ; et lorsqu’il eut crû, sa grande corne se rompit, et quatre cornes s’élevèrent sous celle-là vers les quatre vents du ciel.[2]

9. Et de l’une d’elles sortit une petite corne ; et elle devint grande vers le midi, et vers l’orient, et vers la force.[3]

10. Et elle s’éleva jusqu’à la force du ciel, et renversa une partie de la force, et des étoiles, et les foula aux pieds.[4]

11. Et elle s’éleva jusqu’au prince de la force, elle lui ravit son sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de sa sanctification.[5]

12. Or la force lui fut donnée contre le sacrifice perpétuel, à cause des péchés ; et la vérité sera abattue sur la terre, et il agira, et il prospérera.

13. Et j’entendis un des saints parlant ; et un saint dit à l’autre, je ne sais lequel, qui parlait : Jusques à quand la vision, et le sacrifice perpétuel, et le péché qui a causé la désolation ; jusques à quand le sanctuaire, et la force sera foulée aux pieds ?

  1. Dn. 8,5 : Bouc de chèvres. Voir sur la valeur de cette expression, Ezéchiel, 43, 22. Ce bouc représente la monarchie des Grecs ; la corne, le premier de leurs rois, Alexandre le Grand (voir verset 21) ; la rapidité de la course de ce bouc, la rapidité des conquêtes de ce prince.
  2. Dn. 8,8 : Quatre cornes, etc. Voir Daniel, 7, 6.
  3. Dn. 8,9 : Une petite corne ; c’est Antiochus Epiphane, au commencement sans puissance. Vers la force (contra fortitudinem) ; c’est aussi le sens de la version grecque ; mais l’hébreu porte, vers la beauté ; c’est-à-dire vers la terre de la beauté, nom par lequel les prophètes désignent fréquemment la Judée (voir Daniel, 11, vv. 16, 41 ; Jérémie, 3, 19 ; Ezéchiel, 20, vv. 6, 15).
  4. Dn. 8,10 : La force du ciel ; selon la Vulgate et le grec ; mais suivant l’hébreu, l’armée du ciel. Par cette force ou armée du ciel, on entend le peuple du Seigneur persécuté ; et par les étoiles renversées, soit les Juifs qui moururent courageusement dans la persécution, soit ceux qui renoncèrent à leur religion pour obéir aux ordres du tyran (voir 1 Machabées, 1, vv. 48, 51 et suivants ; 2 Machabées, 4, verset 14 et suivants). Les étoiles et les astres en général sont très souvent mis dans l’Ecriture pour désigner les saints, les justes et les savants. ― Dans les trois versets suivants, l’hébreu porte également armée, au lieu de force.
  5. Dn. 8,11 : Prince de la force ; c’est-à-dire Dieu lui-même. ― Le lieu de sa sanctification ; de sa consécration, qu’il s’était consacré, son sanctuaire, son temple. Voir Psaumes, 77, 54.