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DANIEL[1]

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INTRODUCTION


Daniel, « Dieu est mon juge ou mon défenseur, » le quatrième des grands prophètes, était de race royale, Dan., i, 3. Il fut emmené captif à Babylone, la troisième année du règne de Joakim (606). Là, avec trois de ses compagnons, il fut élevé a l’école du palais royal, observa fidèlement la loi mosaïque, gagna la confiance de celui qui était chargé de veiller sur lui, i, 8-16 ; fit de rapides progrès, et, au bout de trois ans, i, 5, 18, eut l’occasion de montrer sa pénétration d’esprit et sa perspicacité en expliquant le songe de Nabuchodonosor, ii, 14 sq.; et en montrant l’innocence de Susanne, xiii, 45 sq. Le roi le nomma gouverneur en chef, ii, 48. Il interpréta plus tard un second songe de Nabuchodonosor, iv, 7-27, et le mané, thécel, phares du festin de Balthasar, v, 10-28, quoiqu’il n’occupât plus alors son ancienne position officielle parmi les mages, v, 2, 7, 8, 12. Après la conquête de Babylone par les Mèdes et les Perses, il devint, sous Darius le Mède, le premier des trois ministres de l’empire, Dan., vi, 2 ; il excita ainsi l’envie, et ses ennemis le firent jeter deux fois dans une fosse aux lions, où il fut miraculeusement préservé, vi ; xiv, 29-42, ce qui l’affermit dans les bonnes grâces de Darius. Cyrus se montra également bien disposé envers lui, vi, 28 ; cf. i, 21. C’est la 3e année de ce roi, 534, qu’il eut, sur les rives du Tigre, sa dernière vision, x, 1, 4. La fin de sa vie nous est inconnue. On croit communément qu’il mourut à Suse ; on y montre son tombeau, où les pèlerins se rendent en foule. Ezéchiel, dans ses prophéties, cite Daniel, avec Noé et Job, comme un modèle de justice ; il vante aussi sa sagesse. — Le dernier des grands prophètes occupa, à la cour des rois de Chaldée et de Perse, une situation analogue à celle de Joseph à la cour des pharaons. Au commencement et à la fin de l’histoire du peuple juif, nous voyons ainsi un représentant de vrai Dieu auprès des monarques païens. Daniel n’exerça pas sur l’avenir de son peuple une influence de même nature que Joseph ; mais par sa position et plus encore par ses oracles, par ses prédictions sur la venue du Messie, il agit puissamment sur ses frères et prépara ainsi les voies à l’avènement du Christianisme. L’authenticité du livre de Daniel est universellement niée aujourd’hui par les rationalistes ; ils prétendent qu’il est apocryphe et que les prophéties qu’il contient ont été écrites après coup, du temps des Machabées. — La tradition a tou-

  1. Ce livre ne présente pas toutes les prophéties dans l’ordre chronologique.