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si tu te tournes encore, tu verras des abominations plus grandes.

7. Et il me conduisit à l’entrée du parvis, et voilà que je vis un trou dans la muraille.[1]

8. Et il me dit : Fils d’un homme, perce la muraille. Et lorsque j’eus percé la muraille, parut une porte.

9. Et il me dit : Entre, et vois les abominations horribles que ces gens font ici.

10. Et étant entré, je vis, et voici que toute sorte d’images de reptiles et d’animaux, l’abomination et toutes les idoles de la maison d’Israël étaient peintes sur la muraille tout autour.[2]

11. Et soixante-dix d’entre les anciens de la maison d’Israël se tenaient debout devant les peintures, et Jézonias, fils de Saphan, était au milieu d’eux ; et chacun d’eux avait un encensoir en sa main ; et une vapeur comme un nuage s’élevait de l’encens.[3][4]

12. Et il me dit : Certes tu vois, fils d’un homme, ce que les anciens de la maison d’Israël font dans les ténèbres, chacun dans le secret de sa chambre ; car ils disent : Le Seigneur ne nous voit point ; le Seigneur a délaissé la terre.

13. Et il me dit : Si tu te tournes encore, tu verras des abominations plus grandes que celles que ces gens font.

14. Et il me conduisit à l’entrée de la porte de la maison du Seigneur, qui regardait du côté de l’aquilon, et voici que là les femmes étaient assises pleurant Adonis.[5]

15. Et il me dit : Certes, tu as vu, fils d’un homme ; si tu te tournes encore, tu verras des abominations plus grandes que celles-ci.

16. Et il me conduisit dans le parvis intérieur de la maison du Seigneur ; et voilà qu’à l’entrée du temple du Seigneur, entre le vestibule et l’autel, environ vingt-cinq hommes tournant le dos au temple du Seigneur, et la face vers l’orient ; et ils adoraient vers le lever du soleil.[6]

  1. Éz. 8,7 : Parvis du peuple, appelé simplement parvis, par opposition à celui des prêtres et des Lévites, nommé parvis intérieur (voir verset 16). Comparer à 3 Rois, 6, 36.
  2. Éz. 8,10 : Cette description paraît indiquer que les Juifs, qui comptaient sur le secours des Egyptiens contre les Chaldéens, adoraient les dieux de l’Egypte, reptiles et animaux, comme on les voit peints sur les murs des temples égyptiens.
  3. Éz. 8,11-18 : 4o Vision de la ruine de Jérusalem, du chapitre 8 au chapitre 11. ― Deux ans et deux mois après sa vocation au ministère prophétique, Ezéchiel vit de nouveau la gloire du Seigneur et les chérubins. Il fut transporté en esprit à Jérusalem, dans la cour du temple, chapitre 8, versets 1 à 4, et là il vit les quatre espèces d’actes idolâtriques auxquels se livraient les hommes et les femmes d’Israël, versets 5 à 18 ; les premiers adoraient probablement Baal ou Moloch, le soleil et les animaux sacrés de l’Egypte ; les femmes pleuraient la mort d’Adonis, comme on le faisait en Phénicie. ― Alors sept anges apparaissent pour châtier les habitants de Jérusalem, chapitre 9 ; la ville est brûlée et le temple abandonné de Dieu, chapitre 10 ; Ezéchiel est chargé d’annoncer ces malheurs et la mort de Pheltias, chapitre 11, versets 1 à 13, et de prédire aux captifs leur délivrance future, versets 14 à 21 ; il est enfin transporté de nouveau en esprit en Chaldée, et raconte à ses frères ce qu’il vient de voir, versets 22 à 25.
  4. Éz. 8,11 : Et soixante-dix, etc. ; vraisemblablement les membres du grand conseil (sanhédrin) des Juifs. ― Jézonias paraît être ici le chef de ces soixante-dix. ― Saphan ; scribe sous le règne de Josias (voir 4 Rois, 22, verset 3 et suivants).
  5. Éz. 8,14 : Adonis ; dans l’hébreu hattammouz, et dans les Septante le Thammouz ; ce qui montre que ce n’est pas un nom propre, mais un simple appellatif, dont la signification, il faut bien en convenir, est entièrement inconnue. Quant au mot Adonis, saint Jérôme l’a probablement employé pour nous montrer que les Syriens honoraient Hattammouz d’un deuil semblable à celui dont les Grecs honoraient Adonis. ― Le culte sensuel d’Adonis était ancien en Phénicie et en Chanaan. Les rites voluptueux de ce culte furent une des formes les plus populaires du culte de Baal. Le nom d’Adonis ne diffère pas par le sens de celui de Baal ; l’un et l’autre signifient également maître, seigneur, dans les langues sémitiques. Du temps de saint Jérôme, il existait encore un bois sacré d’Adonis dans les environs de Bethléem. Le prophète Jérémie, voir Jérémie, 22, 18, semble faire allusion, mais moins clairement qu’Ezéchiel, au culte que les femmes israélites rendaient à Adonis. C’est surtout à Gebal ou Byblos qu’il était adoré, parce que là coulait le fleuve Adonis qui portait son nom. On y voit encore de nombreuses ruines des tombeaux d’Adonis. Les femmes allaient y pleurer sa mort, à l’époque de l’année où le fleuve devient rouge, ce qu’on prenait pour son sang. Sur ces monuments est figurée la fin d’Adonis. Deux rochers sculptés le montrent la lance au poing, attendant l’attaque de l’ours. Les bas-reliefs représentent les femmes qui le pleurent. Pour rappeler la mort du dieu, elles plantaient dans un vase de la laitue, de l’orge et du fenouil, qu’elles exposaient sur la terrasse des maisons. Dans les sanctuaires brûlaient des parfums. Là se trouvait le simulacre d’Adonis qu’on enterrait. Le sixième jour, le dieu ressuscitait et alors commençait de hideuses bacchanales. Les femmes sacrifiaient à Thammouz leur chevelure. Ces fêtes avaient lieu à deux époques de l’année, au printemps et à l’automne.
  6. Éz. 8,16 : Le parvis intérieur. Voir le verset 7. ― Environ (quasi) vingt-cinq hommes, etc. Il y avait toujours dans le temple douze prêtres et douze lévites qui servaient par semaine, et le grand-prêtre faisait le