Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JUGEMENT

des critiques les plus habiles et des interprètes les plus savants du protestantisme sur la vulgate


1. Paul Fage ou Fagius traite de demi-savants et d’impudents tous ceux qui osent mal parler de cette version : « Non est ergo temere nata Vulgata editio, ut quidam scioli stulte et impudenter clamitant (1). »

2. Scaliger, cité par G. Carpzov ou Carpzovius, dit que jamais personne n’a été plus capable de traduire l’Ecriture que saint Jérôme, à cause de l’érudition et de la connaissance des langues qu’il possédait : « Nemo majorem eruditionem et apparatum linguarum et translationem Scripturæ attulit post Hieronymum, quam Hieronymus. » Sans partager entièrement l’avis de Scaliger, Carpzovius avoue cependant que saint Jérôme a surpassé de beaucoup tous les docteurs de son temps, et qu’il a donné des preuves irrécusables de son savoir en hébreu, soit dans ses Commentaires, enrichis de notes critiques sur les leçons et variantes et les différentes interprétations du texte, soit dans ses savantes préfaces, soit enfin dans tous ses autres travaux bibliques (2).

3. Drusius loue le Concile de Trente d’avoir donné à la Vulgate la sanction de son autorité, « parce que, dit-il, les versions nouvelles ne sont pas meilleures que cette ancienne, et qu’elles ont peut-être de plus grands défauts (3). »

4. Grotius, rendant raison du motif qui l’a porté à choisir la Vulgate pour en faire le fond de ses notes sur l’Ancien Testament, dit : « J’ai toujours beaucoup estimé cette version, non seulement parce qu’elle ne renferme rien de contraire à la saine doctrine (nulla dogmata insalubria continet), mais encore parce que son auteur est plein d’érudition (4). »

5. Louis de Dieu, comparant la Vulgate avec les traductions latines du Nouveau Testament faites par Bèze et par Erasme, dit : « Si j’affirme que l’auteur de la Vulgate, quel qu’il soit, est un savant et un très savant homme, je ne croirai pas avoir mal jugé. Il a des défauts, je l’avoue, il a aussi ses barbarismes ; mais je ne puis nier que j’admire partout sa bonne foi et son jugement, même dans les endroits où il paraît barbare (5). » Cet auteur ne s’est pas borné à cet aveu ; dans ses remarques tant sur l’Ancien que sur le Nouveau Testament, il appuie souvent la Vulgate et la défend contre ceux qui l’attaquent.

6. Br. Wallon reconnaît qu’on doit faire grand cas de la Vulgate (magni facien-

  1. (1) Præfat. ad collat, translat. Vet. Test.
  2. (2) G. Carpzovius, Crit. sacr. Proœmium, p. 21, 22.
  3. (3) Loca difficilia Pentateuchi.
  4. (4) Præfat. annotationum Vet. Test.
  5. (5) Notæ ad Evangelia, passim.