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fille de Sion ; ils ont couvert de cendre leurs têtes ; ils se sont ceints de cilices ; les vierges de Jérusalem ont baissé leurs têtes vers la terre.[1]

CAPH.

11.  Mes yeux ont défailli à force de larmes, mes entrailles ont été émues ; mon foie s’est répandu sur la terre, à cause de la destruction de la fille de mon peuple, lorsque défaillaient le petit enfant, et l’enfant à la mamelle, sur les places de la ville.[2]

LAMED.

12.  Ils ont dit à leurs mères : Où sont le blé et le vin ? lorsqu’ils tombaient comme des blessés sur les places de la cité ; lorsqu’ils exhalaient leurs âmes sur le sein de leurs mères.[3]

MEM.

13.  À qui te comparerai-je ? ou à qui t’assimilerai-je, fille de Jérusalem ? à qui t’égalerai-je, pour te consoler, vierge fille de Sion ? car grande est comme la mer ta ruine ; qui t’apportera du remède ?[4]

NUN.

14.  Tes prophètes ont vu pour toi des choses fausses et insensées ; ils ne te découvraient pas ton iniquité pour t’exciter à la pénitence ; ils ont vu pour toi des prophéties de malheur fausses, et pour tes ennemis l’expulsion de la Judée.[5]

SAMECH.

15.  Ils ont frappé des mains à ton sujet, tous ceux qui passaient par la voie ; ils ont sifflé et secoué la tête sur la fille de Jérusalem : Est-ce là, disaient-ils, cette ville d’une parfaite beauté, la joie de toute la terre ?

PHÉ.

16.  Ils ont ouvert la bouche contre toi, tous tes ennemis ; ils ont sifflé, et ils ont grincé des dents, et ils ont dit : Nous la dévorerons ; voici, c’est le jour que nous attendions ; nous Savons trouvé, nous l’avons vu.[6]

AIN.

17.  Le Seigneur a fait ce qu’il a résolu ; il a accompli la parole qu’il avait décrétée dès les jours anciens ; il a détruit, et il n’a pas épargné ; il a réjoui ton adversaire à ton sujet, et il a exalté la corne de tes ennemis.[7]

  1. Lm. 2,10 : Signes de deuil et de désolation.
  2. Lm. 2,11 : Mon foie, etc. ; hyperbole, pour marquer une grande douleur. Comparer à Job, 16, 14.
  3. Lm. 2,12 : Où sont le blé et le vin. Les enfants, pendant le siège, meurent de faim ; ils demandent à leurs mères de la nourriture et elles ne peuvent leur en donner.
  4. Lm. 2,13 : Pour te consoler ; littéralement et par hébraïsme, et je consolerai.
  5. Lm. 2,14 : Ont vu pour toi, etc. ; ont eu pour toi des visions, etc. ― Prophéties du malheur. C’est la vraie signification du terme hébreu masçoth que la Vulgate a rendu ici par assumptiones, et ailleurs par onera, littéralement, charges, fardeaux, et au figuré malheurs accablants. Voir Isaïe, 13, 1. Le sens de ce passage est donc : Tes prophètes t’ont trompée en te présentant comme fausses les prophéties qui t’annonçaient des malheurs, en te prédisant que tes ennemis seraient chassés de la Judée.
  6. Lm. 2,16 : Ce verset commence par Phé, et le suivant par Aïn, contrairement à l’ordre alphabétique. Cette inversion, qui se remarque aussi dans les deux chapitres suivants, vient probablement de ce que quelque écrivain, voyant que le verset Phé se liait mieux par le sens que le verset Aïn, à celui qui commence par Samech, a cru pouvoir se permettre ce déplacement.
  7. Lm. 2,17 : Voir Lévitique, 26, 14 ; Deutéronome, 28, 15. ― Adversaires, ennemis ; ces deux mots réunis expriment des ennemis de toute espèce. Rien n’est plus commun dans