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2. Pourquoi donc rouge est votre robe, et vos vêtements comme les vêtements de ceux qui foulent dans un pressoir ?[3]

3. J’ai foulé le pressoir tout seul, et d’entre les nations il n’y a pas un homme avec moi ; je les ai foulés aux pieds dans ma fureur, et je les ai foulés aux pieds dans ma colère ; leur sang s’est répandu sur mes vêtements, il a souillé tous mes habits.

4. Car le jour de la vengeance est dans mon cœur, l’année de ma rédemption est venue.[4]

5. J’ai regardé autour de moi, et il n’y avait pas d’auxiliaire ; j’ai cherché, et il n’y a eu personne qui m’aidât ; ainsi mon bras m’a sauvé, et mon indignation elle-même m’a secouru.[5]

6. Et j’ai foulé aux pieds les peuples dans ma fureur, je les ai enivrés de mon indignation, et j’ai renversé par terre leur force.

7. Je me souviendrai des miséricordes du Seigneur, je chanterai louange du Seigneur, à cause de tout ce qu’il a fait pour nous, et à cause de la multitude des biens accordés à la maison d’Israël, et qu’il leur a prodigués selon sa bonté et selon la multitude de ses miséricordes.[6]

8. Et il a dit : Mais pourtant c’est mon peuple ; ce sont des fils qui ne renoncent pas leur père ; et il est devenu pour eux un sauveur.

9. Dans toute leur tribulation

    surpris de sa gloire, se demandent avec étonnement : Qui est ce héros qui vient tout chargé de sang et tout brillant de majesté ? » ― Comme les Iduméens représentent toujours dans l’Ancien Testament les ennemis de l’Eglise, ce discours annonce plutôt le triomphe de Jésus-Christ sur tous les persécuteurs de son épouse.

  1. Is. 63,1-3 : Quelques-uns croient reconnaître ici Judas Machabée, mais c’est plutôt Jésus-Christ même, qui paraît sous un semblable symbole dans Apocalypse, 19, vv. 13, 15. Remarquons de plus que la comparaison tirée du pressoir est assez familière aux écrivains sacrés pour peindre la vengeance, le carnage, le sang répandu.
  2. Is. 63,1 : Edom, Bosra. Voir Isaïe, 34, 6. ― Teints (tinctis) ; selon l’hébreu, aigus, c’est-à-dire d’une couleur vive, éclatante, tranchée. Les Septante ont rendu ce mot par rougeur (éruthêma), signification parfaitement conforme à ce qui est dit dans les versets suivants.
  3. Is. 63,2 : Voir Apocalypse, 19, 13.
  4. Is. 63,4 : Voir Isaïe, 34, 8. ― Ma rédemption ; la rédemption que je dois opérer.
  5. Is. 63,5 : J’ai regardé, etc. Comparer à Isaïe, 59, 15-16.
  6. Is. 63,7-64.12 : Les trois derniers discours : Conclusion de la prophétie, du chapitre 63, verset 7 au chapitre 64. ― Les trois derniers discours de la dernière section forment la conclusion de la prophétie entière. Dans le premier, qui est le septième de ce cycle, Isaïe, au nom d’Israël captif, adresse à Dieu une prière pour obtenir la délivrance et la fin des maux de son peuple ; dans le second, Dieu répond à cette prière, et dans le troisième et dernier, il exclut de sa miséricorde ceux qui ne reçoivent pas le salut. ― 7e Discours : Prière d’Israël captif, du chapitre 63, verset 7 au chapitre 64. ― 1o Le Prophète arrivé au terme de sa prophétie, prie au nom de ses frères qu’il voit déjà en esprit captifs à Babylone. Après une sorte de prologue, chapitre 63, verset 7, il commence sa prière en jetant un regard sur les premiers temps de l’histoire de ses pères ; ils ont été infidèles et ont forcé Dieu, qui avait été si bon pour Israël, de le châtier jusqu’à sa conversion, versets 8 à 14. Qu’il ait pitié de lui, versets 15 à 19, et qu’il le délivre de ses ennemis, chapitre 64, versets 1 et 2. Rien ne lui est plus facile, versets 3 et 4 ; et quoique les péchés d’Israël le rendent indigne de ses miséricordes, il est, lui, le père de son peuple et il doit venger l’honneur de son sanctuaire profané, versets 5 à 12.