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votre héritage, dans votre demeure inébranlable que vous avez faite, Seigneur ; c’est votre sanctuaire qu’ont affermi vos mains.

18. Le Seigneur régnera dans l’éternité, et au-delà.

19. Car Pharaon est entré à cheval dans la mer avec ses chars et ses cavaliers, et le Seigneur à ramené sur eux les eaux de la mer ; mais les enfants d’Israël ont marché à sec au milieu de la mer.[1]

20. Marie, prophétesse, sœur d’Aaron, prit donc un tambour en sa main, et toutes les femmes sortirent après elle avec des tambours et en chœur.

21. Elle chantait avant elles, disant : Chantons le Seigneur ; car il s’est glorieusement signalé : il a précipité dans la mer le cheval et celui qui le montait.

22. Or Moïse fit sortir Israël de la mer Rouge, et ils allèrent au désert de Sur ; et ils marchèrent trois jours dans la solitude, et ils ne trouvaient pas d’eau.[2]

23. Et ils vinrent à Mara ; mais ils ne pouvaient pas boire des eaux de Mara, parce qu’elles étaient amères ; c’est pourquoi il lui donna un nom conforme au lieu, l’appelant Mara, c’est-à-dire, amertume.[3]

24. Et le peuple murmura contre Moïse, disant : Que boirons-nous ?

25. Mais Moïse cria au Seigneur qui lui montra un bois : lorsqu’il l’eut jeté dans les eaux, elles devinrent douces : là le Seigneur lui donna des préceptes et des ordonnances, et là il le tenta,[4]

  1. Ex. 15,19 : Car Pharaon est entré… Le texte porte : Le cheval (pour les chevaux) de Pharaon sont entrés dans la mer. ― Il faut remarquer qu’il n’y avait pas de cavaliers dans l’armée égyptienne, mais seulement des chariots portant des soldats.
  2. Ex. 15,22 : Au désert de Sur. « Le mot Sur signifie en hébreu muraille. Pendant que nous étions à Ayoun Mouça (c’est-à-dire la Fontaine de Moïse, à l’entrée du désert), en regardant, au-delà de la plaine étincelante, les monts er-Rahah et et-Tih, qui la bordent, nous remarquâmes aussitôt que ce qui forme le caractère principal, sinon unique, de cette partie du désert, c’est cette longue chaîne montagneuse en forme de mur, et nous ne fûmes plus surpris que les Israélites eussent appelé ce lieu mémorable, d’après son trait le plus saillant, le désert de Sur ou de la Muraille. » (E. H. PALMER). ― Ils marchèrent trois jours dans la solitude et ils ne trouvaient pas d’eau. « Cette notice laconique met parfaitement en relief le caractère principal de cette contrée à l’époque actuelle. Une plaine morte et stérile, couverte seulement de quelques herbes et de quelques arbustes misérables, des cailloux noircis et rayés par le sable, une monotonie désolante, l’absence totale d’eau, à part celle que fournissent une demi-douzaine de crevasses remplies d’eau saumâtre, sur une superficie de 1 600 kilomètres carrés, tout cela ne produit que trop vivement dans l’esprit du voyageur l’impression d’un désert sans eau. » (H. S. PALMER).
  3. Ex. 15,23 : Et ils vinrent à Marah. On s’accorde généralement à l’identifier avec Aïn-Haouarah. La fontaine est au centre d’une petite éminence, établie sur un dépôt calcaire ; elle a environ 1 mètre 80 de circonférence et 60 centimètres de profondeur. La qualité de l’eau varie un peu, selon les saisons, mais elle est toujours mauvaise et amère. Les hommes ne peuvent la boire et les chameaux eux-mêmes ne s’y désaltèrent que quand ils souffrent beaucoup de la soif.
  4. Ex. 15,25 : Voir Judith, 5, 15 ; Ecclésiastique, 38, 5. ― Lui ; c’est-à-dire au peuple d’Israël. ― Lui montra un bois. On a supposé que ce bois était une plante appelée gharkad, dont les baies auraient été jetées dans la source. Mais les baies du gharkad n’ont aucune vertu adoucissante, et les Israélites traversaient le désert une saison où la plante ne les avait pas encore produites. Aucun bois connu ne possède la propriété de rendre potable la fontaine de Haouarah.