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4. Rougis, Sidon, car la mer parle, la force de la mer, disant : Je n’ai pas été en travail, et je n’ai pas enfanté, et je n’ai pas nourri de jeunes hommes, et je n’ai pas élevé déjeunes vierges.[1]

5. Lorsque le bruit sera parvenu en Egypte, on sera dans la douleur en apprenant la ruine de Tyr.

6. Passez les mers, hurlez, vous qui habitez dans l’île :[2]

7. N’est-elle pas la vôtre cette ville, qui dès les anciens jours se glorifiait de son antiquité ? Ses pieds la conduiront dans une terre étrangère pour demeurer.

8. Qui a formé ce dessein contre Tyr, autrefois couronnée, dont les marchands étaient des princes, et les trafiquants des personnages illustres de la terre ?

9. C’est le Seigneur des armées qui a formé ce dessein, afin d’enlever l’orgueil de toute gloire et de conduire à l’ignominie tous les illustres de la terre

10. Traverse ta terre comme un fleuve, fille de la mer ; il n’y a plus de ceinture pour toi.[3]

11. Le Seigneur a étendu sa main sur la mer, il a ébranlé des royaumes, il a donné ses ordres contre Chanaan, afin de briser ses vaillants guerriers.

12. Et il a dit : Tu ne te glorifieras plus, souffrant violence, après ton ignominie, vierge, fille de Sidon ; lève-toi, passe à Céthim, là aussi il n’a pas de repos pour toi.[4]

13. Voilà la terre des Chaldéens, il n’y eut point un tel peuple, Assur l’a fondée ; cependant on a emmené en captivité ses hommes robustes, on a démoli ses maisons, et on en a fait des ruines.[5]

14. Hurlez, vaisseaux de la mer, parce que votre force est détruite.

  1. Is. 23,4 : Je n’ai pas enfanté. Tyr est considérée comme la mère de Sidon, parce qu’elle en était la métropole. Il y a des monnaies de Tyr qui portent plus tard comme légende : « De Tyr, mère de Sidoniens. » ― La force de la mer est Tyr, qui, dans son île, paraissait à l’abri de toutes atteintes.
  2. Is. 23,6 : Passez les mers ; réfugiez-vous dans vos colonies. Quand Alexandre assiégea Tyr, les assiégés envoyèrent les vieillards, les femmes et les enfants dans la ville phénicienne de Carthage.
  3. Is. 23,10 : Fille de la mer ; c’est-à-dire ville maritime. ― Il n’y a plus, etc. Tu seras nue, sans même conserver ta ceinture. Comparer à Isaïe, 20, 4. ― La plupart des commentateurs modernes expliquent ainsi ce verset, d’après l’hébreu, en l’appliquant aux colonies de Tyr qui deviennent indépendantes par suite de la ruine de la métropole : Répands-toi sur la terre comme le Nil, qui déborde comme il lui plaît ; ô fille de Tharsis, il n’y a plus de ceinture pour toi, de barrière qui t’arrête.
  4. Is. 23,12 : Tu ne te, etc. ; littéralement tu n’ajouteras plus pour te glorifier. Voir, sur cet hébraïsme, le 2o à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. ― Passe à Céthim, en Chypre. C’était l’île la plus proche où pussent se réfugier les Phéniciens et nous avons vu en effet plus haut que c’était là que Luli, roi de Phénicie, avait cherché un asile en fuyant devant Sennachérib.
  5. Is. 23,13 : Isaïe rappelle ici les victoires de Sargon sur le roi des Chaldéens ou Kasdim, Mérodach-Baladan, qui s’était emparé de Babylone, et qui était primitivement maître seulement du Bas-Euphrate, où il commandait à la tribu proprement dite des Kaldi ou Chaldéens. Le texte original de ce verset doit être traduit de la manière suivante : « Vois la terre des Chaldéens : ce peuple n’est plus ; Assur l’a livré aux bêtes sauvages, il a renversé ses tours, détruit ses palais ; il en a fait une ruine. »