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9. Et la capitale d’Ephraïm est Samarie, et le chef de Samarie le fils de Romélie. Si vous ne croyez pas, vous ne persévérerez pas.[1]

10. Le Seigneur parla encore à Achaz, disant :[2][3]

11. Demande pour toi un miracle au Seigneur ton Dieu, au fond de l’enfer, ou au plus haut des cieux.

12. Et Achaz dit : Je n’en demanderai pas, et je ne tenterai pas le Seigneur.

13. Et le prophète dit : Écoutez donc, maison de David : Est-ce peu pour vous d’être fâcheux aux hommes, puisque vous êtes fâcheux même à mon Dieu ?

14. À cause de cela le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voilà que la vierge concevra et enfantera un fils, et son nom sera appelé Emmanuel.[4]

    en général ! On affirme, il est vrai, mais à tort, que les prédictions de l’Ancien Testament ne sont jamais aussi précises. Cet exemple n’est pas isolé, nous en rencontrons beaucoup d’autres. ― 2o On a prétendu aussi que ce chiffre de 65 est faux. Il n’en est rien. Il serait inexact, s’il s’agissait de la prise de Samarie par Salmanasar et Sargon, laquelle eut lieu, en effet peu d’années après, mais Isaïe ne parle pas de l’époque où Ephraïm cessa d’être un royaume, il parle du temps où il cessa d’être un peuple, ce qui, d’après des calculs fort probables, eut lieu du temps d’Assaraddon, la 6e année du règne de ce roi d’Assyrie, la 20e de celui de Manassé de Juda. Le monarque ninivite fit transporter en divers pays les derniers restes d’Israël, comme nous pouvons le conclure de 1 Esdras, 4, 2. Or, de la 1re année d’Achaz, date de la prophétie d’Isaïe, à la 20e année de Manassé, il y a juste 65 ans : 16 années d’Achaz + 29 d’Ezéchias + 20 de Manassé = 65.

  1. Is. 7,9 : Samarie. Voir 3 Rois, note 16.24.
  2. Is. 7,10-25 : IIe prédiction de la naissance d’Emmanuel, chapitre 7, versets 10 à 25. ― Cette seconde prophétie date probablement de la même année que la précédente (742), et ne lui est postérieure que de peu de temps. Elle est une des plus importantes de l’Ancien Testament, parce qu’elle annonce la naissance miraculeuse du fils de la Vierge, Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous ». Elle se divise en quatre parties : 1o chapitre 7, versets 10 à 13. Isaïe fait connaître les circonstances de la prophétie. Au moment, semble-t-il, où Achaz songe à appeler Téglathphalasar à son secours, le prophète, pour lui prouver que Juda peut se reposer sur Dieu de sa défense, dit au roi qu’il peut demander comme gage de cette protection un signe ou un miracle. Le prince le refuse. ― 2o Isaïe n’en donne pas moins de signe : la naissance du fils de la Vierge, versets 14 à 17. Ce signe est accompagné de l’assurance qu’en deux ou trois ans Juda sera délivré de la Syrie et d’Israël, mais il sera puni lui-même d’avoir appelé l’Assyrien. ― 3o Un événement prochain, l’invasion de la Palestine par les armées égyptienne et ninivite, conformera la vérité de l’oracle divin, versets 18 à 20. ― 4o Tableau de la désolation produite par cette invasion, versets 21 à 25.
  3. Is. 7,10 : Parla encore ; littéralement ajouta à parler. Voir sur cet hébraïsme, le 2o à la fin des Observations préliminaires des Psaumes.
  4. Is. 7,14 : La vierge. C’est ainsi que portent l’hébreu et les Septante. En vain les rationalistes allemands se sont-ils efforcés de prouver que l’article ici n’avait aucun sens déterminatif ; tous les exemples qu’ils allèguent sont faussement appliqués. Leurs efforts ne sont pas moins vains quand ils veulent établir que le terme hébreu traduit par vierge (virgo) ne signifie qu’une fille nubile. L’argument qu’ils tirent de l’arabe, en l’appliquant encore faussement, ne prouve rien. Tout conspire donc ici en faveur du sens de la Vierge, l’étymologie, le contexte et la tradition. Saint Matthieu (voir Matthieu, 1, 22-23) nous fait remarquer l’accomplissement de cette prophétie, en expliquant le nom d’Emmanuel. Comparer à Isaïe, 8, 8. ― 1o La mère d’Emmanuel est la Très Sainte Vierge, et Emmanuel est Jésus-Christ, d’après l’attestation formelle de saint Matthieu (voir Matthieu, 1, 22-23). Voir aussi Luc, 1, 31, qui contient une allusion évidente à Isaïe, 7, 14. Le texte grec de saint Luc reproduit à peu près littéralement,