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29. Car l’espérance de l’ingrat, comme la glace de l’hiver, se fondra ; et elle périra entièrement comme une eau inutile.

CHAPITRE 17.


1. Grands sont vos jugements, Seigneur, et inexprimables vos paroles : à cause de cela les âmes sans science se sont égarées.[1]

2. Tandis que les impies se sont persuadés qu’ils pouvaient dominer la nation sainte, enchaînés par les liens des ténèbres et d’une longue nuit ; enfermés sous leurs toits ; fuyant l’éternelle Providence, ils ont été abattus.[2]

3. Et tandis qu’ils pensaient être cachés dans leurs péchés secrets, ils ont été dispersés sous le voile ténébreux de l’oubli, saisis d’un horrible effroi, et frappés du plus grand étonnement.[3]

4. Car la caverne qui les renfermait ne les défendait pas contre la crainte, parce qu’un bruit descendant les troublait et que des spectres lugubres, leur apparaissant, les jetaient dans l’épouvante.[4]

5. Et même aucun feu ardent ne pouvait leur donner la lumière, et la flamme pure des astres ne pouvait éclaircir cette horrible nuit.[5]

6. Mais il leur apparaissait un feu subit, qui les remplissait de crainte, et frappés de la crainte de ce fantôme, qu’ils ne voyaient pas distinctement, ils estimaient pires les choses qu’ils voyaient clairement ;[6]

    pour votre bénédiction (in benedictionem), que d’autres interprètent par : Pour recevoir votre bénédiction ; les Israélites, en effet, recueillirent la manne, bénédiction ou bienfait de Dieu.

  1. Sg. 17,1 : Inexprimables (inenarrabilia) ; ou difficiles à exposer, à expliquer, comme porte le texte grec. ― Les âmes sans science ; littéralement indisciplinées (indisciplinatæ) ; mais il faut se rappeler que dans l’Ecriture, et surtout dans les Livres sapientiaux, le mot disciplina s’emploie fréquemment pour science ; aussi le grec porte-t-il ici sans instruction, sans éducation. Or ces âmes sans science, de même que les impies, mentionnés dans le verset suivant, désignent les Egyptiens.
  2. Sg. 17,2 : Voir Exode, 10, 23. ― Fuyant (fugitivi), etc. ; allusion aux esclaves fugitifs, que leurs maîtres chargent de chaînes et enferment dans un sombre cachot. ― Description de la neuvième plaie d’Egypte, celle des ténèbres (du chapitre 17, verset 1 au chapitre 18, verset 4). Elle fut produite par le vent appelé khamsin, qui obscurcit l’air et le remplit d’une poussière impalpable qui pénètre partout. Les Egyptiens fuient la tempête en s’enfermant sous leurs toits.
  3. Sg. 17,3 : Saisis d’un horrible effroi. Les tempêtes de khamsin, surtout quand elles sont portées à un degré extraordinaire, comme dans le miracle de la neuvième plaie, produisent un grand malaise et par conséquent une grande terreur.
  4. Sg. 17,4 : Des spectres lugubres apparaissent aux Egyptiens enfiévrés par la tempête.
  5. Sg. 17,5 : Aucun feu ardent ne pouvait leur donner la lumière du soleil, complètement voilé par le sable impalpable qui remplit l’atmosphère dans les tempêtes de khamsin.
  6. Sg. 17,6 : Un feu subit, etc. Ce feu subit qui passait comme un éclair, leur permettait d’entrevoir les objets, mais non de les remarquer à loisir et distinctement. C’est cette vue subite et interrompue qui au lieu de les rassurer augmentait leur terreur, et par là même leur faisait juger les choses plus affreuses et plus terribles qu’elles ne l’étaient réellement. ― Il leur apparaissait un feu subit. Au lieu de subit, le texte original porte : « un bûcher qui s’allume de lui-même, » expression qui exprime très bien l’état de l’atmosphère embrasée par le khamsin. Elle est rougeâtre comme les lueurs d’un incendie.