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cœur, que l’immortalité est alliée de la sagesse,

18. Et que dans son amitié est un plaisir honnête ; dans les œuvres de ses mains, des richesses inépuisables ; dans ses discussions, la sagesse, et une grande gloire dans la communication de ses discours, je tournais de tous côtés la cherchant, afin de la prendre pour moi.[1]

19. Or, j’étais un enfant ingénieux, et j’avais reçu en partage une âme bonne.[2]

20. Et comme je devenais bon de plus en plus, je suis parvenu à conserver un corps sans souillure.[3]

21. Et comme j’ai su que je ne pouvais être continent si Dieu ne me donnait de l’être (et c’était déjà un effet de la sagesse, de savoir de qui était ce don), je recourus au Seigneur, et le suppliai, et je lui dis de tout mon coeur :[4]

CHAPITRE 9.


1. Dieu de mes pères, et Seigneur de miséricorde, qui avez fait toutes choses par votre parole,[5]

2. Et par votre sagesse avez formé l’homme, afin qu’il dominât sur la créature que vous avez faite,

3. Afin qu’il dirige le globe de la terre dans l’équité et la justice, et qu’il rende les jugements dans la droiture de cœur :

4. Donnez-moi la sagesse assistante à votre trône, et ne me rejetez pas du nombre de vos enfants ;

  1. Sg. 8,18 : Des richesses (honestas). Voir sur ce mot, Sagesse, 7, 11.
  2. Sg. 8,19 : Un enfant ingénieux (ingeniosus). ― J’ai reçu en partage ; littéralement par le sort ; c’est-à-dire par un pur effet de la bonté de Dieu.
  3. Sg. 8,20 : Ce verset mal entendu a fait croire à plusieurs que l’auteur favorisait la préexistence des âmes, système condamné par le Ve concile général tenu à Constantinople. Quand le Sage dit qu’il est venu dans un corps sans souillure, il n’entend nullement parler du moment de la création, lorsque son âme a été jointe à son corps ; il veut dire seulement qu’ayant reçu de Dieu une âme pleine de dispositions favorables pour le bien (voir verset 19), il les a cultivés avec soin, en sorte que son corps a été exempt des souillures qui sont un obstacle à l’étude de la sagesse, qu’il reconnaît lui-même (voir verset 21) être un don particulier de Dieu.
  4. Sg. 8,21 : Etre continent (esse continens) ; posséder la continence ; sens que favorise le verset précédent ; cependant d’autres traduisent par posséder, retenir, conserver la sagesse, fondés principalement sur ce que : 1o le grec signifie obtenir ce qu’on désire, posséder, aussi bien qu’être continent, chaste ; 2o la Vulgate elle-même emploie, dans l’Ecclésiastique (voir Ecclésiastique, 6, 28 et 15, 1), le mot continens dans le sens de possesseur de la sagesse (sapientiæ) et possesseur de la justice (justitiæ) ; 3o que dans la prière qui suit immédiatement, c’est la sagesse qui en fait l’objet.
  5. Sg. 9,1 : Dieu de mes pères, etc. C’est la prière dont il est parlé au chapitre précédent ; elle continue dans tout le reste du livre. On peut la considérer comme une paraphrase de celle qu’on lit à 3 Rois, 3, verset 6 et suivants. L’auteur étend ici la pensée de Salomon et y ajoute plusieurs choses qui reviennent à son dessein, qui est d’instruire les rois, de leur inspirer l’amour de la sagesse, de la vertu, de la justice, et de les éloigner de la violence, de l’injustice et du dérèglement.