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3. Tes deux mamelles, comme deux faons jumeaux d’un chevreuil.

4. Ton cou, comme une tour d’ivoire. Tes yeux comme les piscines en Hésébon, qui sont à la porte de la fille de la multitude. Ton nez est comme la tour du Liban, qui regarde contre Damas.[1]

5. Ta tête est comme le Carmel ; et les cheveux de ta tête, comme la pourpre d’un roi, liée et teinte dans des canaux de teinturiers.[2]

6. Que tu es belle, et que tu es gracieuse, ô ma très chère, pleine de délices !

7. Ta stature est semblable à un palmier, et tes mamelles à des grappes de raisin.

8. J’ai dit : Je monterai sur un palmier, et j’en prendrai les fruits ; et tes mamelles seront comme les grappes de la vigne, et l’odeur de ta bouche comme celle des pommes.[3]

9. Ton gosier est comme un vin excellent, digne d’être bu par mon bien-aimé, et longtemps savouré entre ses lèvres et ses dents.[4]

10. L’Épouse. Je suis à mon bien-aimé, et son retour est vers moi.

11. Viens, mon bien-aimé, sortons dans la campagne ; demeurons dans les villages.

12. Dès le matin, levons-nous pour aller dans les vignes, voyons si la vigne a fleuri, si les fleurs produisent des fruits, si les grenadiers ont fleuri : là je t’offrirai mes mamelles.

13. Les mandragores ont répandu leur parfum. À nos portes sont toutes sortes de fruits ; nouveaux et anciens, mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.[5]

  1. Cant. 7,4 : Tes yeux, etc. Les Hébreux donnaient aux fontaines le nom d’yeux ; c’est ce qui fait ici une des beautés de la comparaison. ― Hésébon, ville ancienne et célèbre au-delà du Jourdain. ― La fille ; c’est-à-dire, suivant le style des Hébreux, la ville. ― De la multitude ; du peuple. Ainsi la fille de la multitude signifie la ville où réside le peuple. ― Les piscines d’Hésébon sont mentionnées dans 2 Machabées, 12, 16, (?) qui nous apprend qu’elles étaient très grandes. ― À la porte de la fille de la multitude, en hébreu, à la porte de Bath-Rabim.
  2. Cant. 7,5 : L’auteur compare les rubans, les frisures et les autres ornements de la tête de l’Epouse au Carmel, montagne magnifique, fertile, chargée de vignes, d’arbres fruitiers, etc. ― Sicut purpura, etc. Anciennement on liait les tresses des cheveux avec des rubans de pourpre.
  3. Cant. 7,8 : Je monterai sur un palmier, et j’en prendrai les fruits. Il y a des palmiers mâles et des palmiers femelles. Le fruit de ces derniers n’est bon qu’autant qu’il a été fécondé par le palmier mâle. « Le 21 mars, raconte Hasselquist dans son Voyage en Palestine, les fleurs d’un palmier femelle s’étaient ouvertes pendant la nuit. J’allai les voir le matin, pendant que la rosée tombait encore. Je trouvai le jardinier qui était monté sur ce palmier, aussi grand que nos plus grands sapins. Il avait pris avec lui un bouquer du palmier mâle et s’en servit pour en imprégner les fleurs écloses, s’assurant ainsi de bons fruits pour la récolte. »
  4. Cant. 7,9 : Digne d’être bu, etc. ; littéralement digne de mon bien-aimé pour boire, et pour savourer, etc. : ce qui est une construction purement hébraïque.
  5. Cant. 7,13 : Le terme hébreu, traduit dans la Vulgate par mandragores, a été rendu de bien de manières différentes par les interprètes. Celle de mandragores, qu’on lui donne assez généralement, ne nous paraît pas être la vraie, d’autant que la mandragore appartient à la famille des solanées, laquelle comprend les plantes qui ont une odeur désagréable, un aspect sombre. De plus, la mandragore est justement classée parmi les végétaux vénéneux. Le mot hébreu signifie, d’après sa racine, fleur d’amour ; mais on ne sait quelle est cette espèce de fleur.