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point de providence ; de peur que Dieu, irrité contre tes paroles, ne détruise toutes les œuvres de tes mains.[1]

6. Où il y a beaucoup de rêves, il y a beaucoup de vanités et des paroles sans nombre ; mais toi, crains Dieu.

7. Si tu vois les oppressions des indigents et les jugements pleins de violence, et que la justice est renversée dans une province, ne t’en étonne pas ; parce que celui qui est élevé en a un autre plus élevé que lui, et qu’au-dessus d’eux il y en a d’autres encore plus élevés,

8. Et de plus, il y a un roi qui commande à la terre entière qui lui est assujettie.

9. L’avare ne sera point rassasié d’argent, et celui qui aime les richesses n’en recueillera point de fruit, et cela donc est vanité.

10. Où il y a beaucoup de biens, il y a aussi beaucoup de gens qui les mangent. Et de quoi sert-il au possesseur, si ce n’est qu’il voit des richesses de ses yeux ?

11. Il est doux, le sommeil, à celui qui travaille, qu’il ait mangé peu ou beaucoup ; mais la satiété du riche ne lui permet pas de dormir.

12. Il est aussi une maladie, très malheureuse, que j’ai vue sous le soleil : des richesses conservées pour le malheur de leur maître.[2]

13. Il les voit périr avec une affliction très grande : il a engendré un fils qui sera dans une extrême détresse.

14. Comme il est sorti nu du sein de sa mère, ainsi il s’en retournera, et il n’emportera rien avec lui de son travail.[3]

15. Maladie tout à fait misérable : comme elle est venue, ainsi elle s’en retournera. Que lui sert donc d’avoir travaillé pour le vent ?[4]

16. Tous les jours de sa vie, il a mangé dans les ténèbres, dans des soins multipliés, dans le chagrin et dans la tristesse.

17. Ainsi donc il m’a paru bon qu’un homme mange et boive, et qu’il goûte la joie du travail dans lequel il s’est fatigué lui-même sous le soleil, durant le nombre des jours de sa vie que lui a donnés Dieu ; car c’est là sa part.

18. Et pour tout homme à qui Dieu a donné des richesses et du bien, et à qui il a accordé le pouvoir d’en manger, et de jouir, de prendre sa part et de se réjouir de son travail, cela est un don de Dieu.

  1. Eccl. 5,5 : Ne permets pas que ta bouche fasse pécher ta chair. Cette phrase est susceptible de plusieurs sens ; le plus simple et le plus naturel, comme se liant parfaitement à ce qui précède, nous a paru être : Ne permets pas de prononcer aucun vœu témérairement ; parce que, en ne l’acquittant pas, tu te rendras coupable de péché. ― Ta chair, pour te, toi. Voir Ecclésiaste, 2, 3. ― L’ange ; probablement le prêtre à qui il appartenait de prononcer sur les vœux (voir Lévitique, 5, 4-8), et de la bouche duquel on recueillait l’explication de la loi, car le prophète Malachie (2, 7), l’appelle formellement l’ange du Seigneur. Saint Jean désigne aussi sous le nom d’anges les évêques (voir Apocalypse, 1, 20, etc.)
  2. Eccl. 5,12 : Voir Job, 20, 20.
  3. Eccl. 5,14 : Voir Job, 1, 21 ;1 Timothée, 6, 7.
  4. Eccl. 5,15 : Pour le vent. Les Hébreux employaient le mot vent pour exprimer ce qu’il y a de plus léger, de plus vain.