Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ps. ciii.]
1239
LES PSAUMES.

20. Bénissez le Seigneur, vous tous ses anges, puissants en force, accomplissant sa parole, pour obéir à la voix de ses ordres.

21. Bénissez le Seigneur, vous toutes ses armées célestes ; vous ses ministres, qui faites sa volonté.

22. Bénissez le Seigneur, vous tous ses ouvrages, dans tous les lieux de sa domination : bénis, mon âme, le Seigneur.[1]

PSAUME 103.
(Hébr., CIV).

Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue de sa grandeur, de sa sagesse et de sa puissance qui éclate dans ses ouvrages.


1. De David lui-même.[2] Bénis, mon âme, le Seigneur : Seigneur mon Dieu, votre magnificence a paru avec un grand éclat.

  1. Ps. 102,22 : Dans ce verset, nous avons cru devoir nous conformer à la ponctuation du texte hébreu et des Septante, parce qu’elle présente un sens plus conforme au contexte que celle de la Vulgate.
  2. * Ce psaume contient, des œuvres du Créateur, une magnifique description qui rappelle le premier chapitre de la Genèse, et une exhortation à louer l’auteur de ces merveilles. — « Qu’il nous soit permis d’indiquer dans les hymnes que [renferme] le livre des Psaumes, une de celles que nous regardons comme les modèles parfaits de ces sortes de compositions : c’est le Ps. ciii, que l’on pourrait appeler l’hymne de la création. Qu’on le lise ; qu’on lise ensuite tout ce qui a été écrit de plus estimé sur cette matière si souvent traitée, en prose et en vers, depuis Hésiode jusqu’à Ovide, depuis Cicéron et Pline jusqu’à Buffon, et nous ne craignons pas qu’on puisse ensuite en citer qui soit du ton et de la hauteur de ce psaume. » (Gatien Arnoult.) — « Les tableaux répandus dans la Bible, dit Chateaubriand, peuvent servir à prouver doublement que la poésie descriptive est née, parmi nous, du Christianisme. Job, les Prophètes, l’Ecclésiaste, et surtout les Psaumes, sont remplis de descriptions magnifiques. Le ps. Benedic, anima mea, est un chef-d’œuvre dans ce genre… Horace et Pindare sont restés bien loin de cette poésie. » — « On peut dire, écrit Alexandre de Humboldt, que le 103e psaume est à lui seul une esquisse du monde. Le Seigneur, revêtu de lumière, a étendu le ciel comme un tapis. Il a fondé la terre sur sa propre solidité, en sorte qu’elle ne vacillât pas dans toute la durée des siècles. Les eaux coulent du haut des montagnes dans les vallons, aux lieux qui leur ont été assignés, afin que jamais elles ne passent les bornes prescrites, mais qu’elles abreuvent tous les animaux des champs. Les oiseaux du ciel chantent sous le feuillage. Les arbres de l’Éternel, les cèdres, que Dieu lui-même a plantés, se dressent pleins de sève. Les oiseaux y font leur nid, et l‘autour bâtit son habitation sur les sapins. » Dans le même psaume est décrite la mer « où s’agite la vie d’êtres sans nombre. Là passent les vaisseaux et se meuvent les monstres que tu as créés, ô Dieu, pour qu’ils s’y jouent librement. » L’ensemencement des champs, la culture de la vigne qui réjouit le cœur de l’homme, celle de l’olivier, y ont aussi trouvé place. Les corps célestes complètent ce tableau de la nature. « Le Seigneur a créé la lune pour mesurer le temps, et le soleil connaît le terme de sa course. Il fait nuit : les animaux se répandent sur la terre, les lionceaux rugissent après leur proie et demandent leur nourriture à Dieu. Le soleil paraît : ils se rassemblent et se réfugient dans leurs cavernes, tandis que l’homme se rend à son travail et fait sa journée jusqu’au soir. » On est surpris, dans un poème lyrique aussi court, de voir le monde entier, la terre et le ciel, peints en si grands traits : à la vie confuse des éléments est opposée l’existence calme et laborieuse de l’homme, depuis le lever du soleil jusqu’au moment ou le soir met fin à ses travaux. Ce contraste, ces vues générales sur l’action réciproque des phénomènes, ce retour à la puissance invisible et présente qui peut rajeunir la terre ou la réduire en poudre, tout est empreint d’un caractère sublime. »