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[ps. lxvii.]
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LES PSAUMES.

d’une colombe dont les extrémités du dos ont une pâleur d’or.

15. Tandis que le roi du ciel disperse des rois sur elle, ils deviendront blancs par la neige qui est sur Selmon.[1]

16. La montagne de Dieu est une montagne grasse : Montagne fertile, montagne grasse.[2][3]

17. Pourquoi regardez-vous avec envie des montagnes fertiles ? La montagne sur laquelle il a plu à Dieu d’habiter ; car le Seigneur y habitera jusqu’à la fin.

18. Le char de Dieu est entouré de plus de dix mille ; ce sont des milliers de saints qui se livrent à la joie ; le Seigneur est au milieu d’eux, à Sinaï dans son sanctuaire.[4]

19. Vous êtes monté en haut, vous avez pris une captivité : vous avez reçu des dons parmi les hommes ;[5]

    notre traduction, reproduction littérale de la Vulgate et des Septante. Voici donc comment nous entendons ce verset : Quand, dans la terre promise, vous posséderez les lots ou héritages qui vous seront échus par le sort, vous deviendrez riches et opulents, vous brillerez par l’argent et l’or comme les colombes dont le plumage reflète l’argent et l’or.

  1. Ps. 67,15 : Sur elle (super eam) ; sur la terre exprimée au verset 9, ou mieux, peut-être, sur l’héritage, (hæreditas) du verset 10, lequel est féminin en latin. ― Ils deviendront blancs par la neige abondante du mont Selmon, sous laquelle ils seront ensevelis ; selon d’autres : Les lieux deviendront blancs comme la neige, par les ossements des cadavres qui les couvriront. C’est ainsi qu’on lit dans Virgile (Enéid., V, 865) : Des rochers blancs d’ossements ; et (XII, 36) : Les champs sont blancs par les ossements ; et dans Ovide (Fast., l. I) : La terre est blanche d’ossements humains. La première interprétation nous semble plus simple et plus naturelle.
  2. Ps. 67,16 : Fertile ; littér. coagulée, caillée (coagulatus).
  3. Ps. 67,16-19 : Traduction du texte original :
     
    Montagnes de Dieu, montagnes de Basan !

    Montagnes aux cimes élevées, montagnes de Basan !
    Pourquoi êtes-vous jalouses, hautes cimes,
    De la montagne que Dieu a choisie pour y habiter ?
    Jéhovah y habitera à jamais. Le char de Dieu, des milliers,
    Une multitude innombrable,
    Dieu lui-même, le Sinaï [viennent] dans ce sanctuaire.
    Tu montes sur le sommet [de Sion], tu amènes tes prisonniers,
    Tu reçois les présents des hommes, des ennemis eux-mêmes.

    Et tu y demeures, Jéhovah, Dieu !

    Cette strophe nous représente Dieu choisissant le mont Sion pour sa demeure. David met en présence les hautes montagnes de Basan (la Vulgate a pris ce nom pour un substantif commun et le traduit par gras), et les collines de Jérusalem. C’est-à-dire le mont Sion. Par une figure hardie, il suppose les montagnes de Basan jalouses de Sion. Dieu descend sur ce dernier, avec son innombrable cour, et là il reçoit l’hommage de tous.

  4. Ps. 67,18 : À Sinaï ; c’est-à-dire comme autrefois sur le mont Sinaï.
  5. Ps. 67,19 : Vous êtes, etc. Monter, s’élever en haut, se dit souvent en parlant de Dieu, lorsqu’il fait éclater sa gloire, qu’il s’élève en quelque sorte au-dessus de la terre, pour manifester sa puissance et sa majesté. Voir Psaumes, 46, 6 ; 56, 6, 12 ; 107, 6 ; 112, 4. ― Vous avez pris, assujetti, emmené ; une captivité ; un grand nombre de captifs. ― Ceux qui ne croyaient pas ; est régi par le verbe vous avez pris, qui précède. Saint Paul, dans Éphésiens, 4, 8, applique ce verset à l’Ascension de Jésus-Christ.