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[ps. xxviii.]
LES PSAUMES.

3. La voix du Seigneur a retenti sur les eaux, le Dieu de majesté a tonné ; le Seigneur s’est fait entendre sur des eaux abondantes.[1]

4. La voix du Seigneur est pleine de force : la voix du Seigneur est pleine de magnificence.[2]

5. La voix du Seigneur brise des cèdres ; et le Seigneur brisera les cèdres du Liban,[3]

6. Et les mettra en pièces comme il y mettrait un jeune taureau du Liban : et le bien-aimé sera comme un petit de licorne.[4]

7. La voix du Seigneur fend une flamme de feu ;[5]

8. La voix du Seigneur ébranle le désert ; et le Seigneur agitera le désert de Cadès.[6]

9. La voix du Seigneur prépare des cerfs ; et elle découvrira des lieux sombres et épais : et, dans son temple, tous diront : Gloire ![7]

10. Le Seigneur fait habiter le déluge sur la terre ; et le Seigneur roi siégera éternellement.

11. Le Seigneur donnera de la force à son peuple : le Seigneur bénira son peuple en paix.[8]

  1. Ps. 28,3 : La voix du Seigneur ; c’est-à-dire le tonnerre. Dans une infinité d’endroits de l’Écriture, cette expression a le même sens. ― Sur des eaux abondantes ; celles de la mer ou les nuages, que Moïse nomme ailleurs (voir Genèse, 1, 7) les eaux supérieures au firmament. Le Psalmiste semble vouloir désigner ici, d’une manière allégorique, les peuples nombreux et les armées puissantes que les Israélites ont eu à combattre. Comparer à Psaumes, 143, 7.
  2. Ps. 28,4 : Pleine de force, pleine de magnificence ; littéralement dans ou avec la force, la magnificence ; hébraïsme, pour forte, magnifique.
  3. Ps. 28,5 : Brise. Ce verbe, dans les Septante et la Vulgate, semble avoir pour sujet le mot Seigneur, avec lequel il concorde grammaticalement (Domini confringentis) ; mais il est réellement et logiquement attribut de voix (vox), qui représente le nominatif. Toutes les grammaires hébraïques donnent l’explication de cette construction hébraïque, qu’on retrouve d’ailleurs dans les versets suivants 7 et 8. ― * Les cèdres du Liban, c’est-à-dire l’arbre le plus majestueux et le plus fort.
  4. Ps. 28,6 : Et le bien-aimé, etc. C’est la seule traduction dont soit susceptible la Vulgate expliquée par la version grecque. Or, le bien-aimé est un nom symbolique qui s’applique au peuple d’Israël (voir Deutéronome, 32, 15) ; de sorte que le sens est : Le peuple d’Israël, semblable au rhinocéros, renversera tout ce qui voudra lui faire résistance. ― * Au lieu de bien-aimé, le texte hébreu porte Sirion, un des noms du mont Hermon, prolongement méridional de l’Anti-Liban qui fait face au Liban et se termine à Césarée de Palestine, là où se trouve une des trois sources du Jourdain. Le sens de l’original est celui-ci : Dieu met les cèdres en pièces comme un jeune taureau, il fait trembler le Liban et l’Hermon sous les coups de son tonnerre comme le petit du bœuf sauvage (au lieu de licorne). Voir Psaumes, note 21,22.
  5. Ps. 28,7 : Fend, etc. ; locution poétique pour dire que le tonnerre chasse des nues la foudre et les éclairs, et les partage en divers traits ou en plusieurs flammes qui se dispersent dans les airs. ― La flamme du feu est l’éclair.
  6. Ps. 28,8 : Le désert de Cadès ; célèbre dans l’Écriture. Voir Genèse, 20, 1 ; Nombres, 13, 27, etc. ― Voir Nombres, note 20,1.
  7. Ps. 28,9 : Prépare ; fait avorter. ― Les cerfs ; c’est-à-dire les biches. En hébreu, les noms d’animaux sont généralement épicéniques, c’est-à-dire communs au mâle et à la femelle. ― Elle découvrira, etc. Le tonnerre, en renversant les arbres ou en les dépouillant de leurs feuilles, découvre les bois les plus épais et les forêts les plus noires.
  8. Ps. 28,11 : En paix. Le mot paix signifie le plus ordinairement dans l’Écriture prospérité parfaite.