Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1085

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE 27.


1. Job, prenant encore de nouveau sa parabole, dit :[1][2]

2. Vive Dieu, qui a écarté mon jugement, et le Tout-Puissant, qui a plongé mon âme dans l’amertume ![3]

3. Tant qu’il y aura haleine en moi, et un souffle de Dieu dans mes narines,[4]

4. Mes lèvres ne prononceront pas d’iniquité, et ma langue ne murmurera pas de mensonge.

5. Loin de moi que je juge que vous êtes justes ; jusqu’à ce que je défaille, je ne me désisterai pas de mon innocence.

6. Je n’abandonnerai pas ma justification que j’ai commencé à faire ; car mon cœur ne me reproche rien dans toute ma vie.

7. Que mon ennemi soit comme un impie, et mon adversaire comme un injuste.[5]

8. Car quel est l’espoir d’un hypocrite, s’il ravit par avarice, et que Dieu ne délivre point son âme ?

9. Est-ce que Dieu entendra son cri, lorsque viendra sur lui l’angoisse ?

    Voir Deutéronome, 32, 2 ; Isaïe, 55, 10-11. ― De sa parole ; c’est-à-dire de la parole qui le concerne, dite à son sujet. ― L’éclat. Ou ce mot est sous-entendu, ou l’antécédent du génitif de sa parole est une goutte (parvam stillam), qui précède ; car il faut nécessairement au verbe contempler (intueri) un accusatif pour complément. Job, ce nous semble, veut dire ici : Je ne vous ai rapporté qu’un bien faible partie des œuvres de la puissance de Dieu. Si donc vous n’avez entendu qu’avec peine le peu de paroles que j’ai dites de lui, comment me supporterez-vous, si je vous fais entendre la voix terrible de son tonnerre, et si je mets sous vos yeux les merveilles de sa grandeur infinie ?

  1. Job 27,1 : Job, prenant, etc., littéralement et par hébraïsme Job ajouta, reprenant. ― Sa parabole ; c’est-à-dire l’oracle sacré que Dieu lui inspirait ; car tel est le sens qu’a ce mot dans le texte sacré. ― Xe discours de Job, chapitres 27 et 28. ― Les amis de Job ne lui répondant plus, il reste comme maître du champ de bataille. Il en profite pour compléter sa victoire dans deux discours. Dans le premier, en pensant à ses amis, dans le second, en ne songeant plus à eux, il ouvre toute son âme, il développe ses idées et ses croyances, il exprime ses craintes par rapport à son propre sort et fait connaître ses vues sur la Providence. Au commencement du premier discours, ― 1o il atteste à ses amis que sa vie tout entière dément leur accusation ; il ne peut s’avouer coupable, car il ne l’est pas : s’il le faisait, il trahirait la vérité et mériterai ainsi ses souffrances, chapitre 27, versets 2 à 12. ― 2o Il reconnaît d’ailleurs que la Providence punit souvent le pécheur, même en ce monde, mais cette loi souffre des exceptions, versets 13 à 23. ― 3o Les voies de Dieu sont cachées ; l’homme peut bien sonder les profondeurs de la terre, chapitre 28, versets 1 à 11 ; ― 4o mais non les profondeurs de Dieu ; l’enfer ou le scheôl lui-même ne le peut, versets 12 à 22. ― 5o Seul Dieu connaît ses propres secrets ; à l’homme d’avoir la crainte de Dieu, versets 23 à 28.
  2. Job 27,1 : 5 Ils seront ensevelis, etc. ; c’est-à-dire selon l’opinion assez commune, qu’ils mourront privés de la sépulture.
  3. Job 27,2 : Vive Dieu ! littéralement Dieu vit ! formule de serment qui équivaut à : Je jure que. ― Qui a écarté mon jugement ; qui ne m’a pas permis de justifier mon innocence.
  4. Job 27,3 : Un souffle de Dieu ; c’est-à-dire un souffle accordé par Dieu.
  5. Job 27,7 : C’est mon ennemi et mon adversaire qui doivent être regardés comme impies et injustes, puisque n’admettant pas que quelques fois Dieu punit les justes pour les éprouver, et qu’il laisse souvent les pécheurs impunis dans cette vie, ils accusent par là même Dieu de ne pas toujours observer les règles de la justice ; ce qui est une véritable impiété.