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je parlerai dans la tribulation de mon esprit ; je m’entretiendrai avec l’amertume de mon âme.

12. Est-ce que je suis une mer, ou un monstre marin, pour que vous m’ayez enfermé dans une prison ?

13. Si je dis : Mon lit me consolera, et je serai soulagé en me parlant sur ma couche,

14. Vous m’épouvanterez par des songes, et par des visions vous m’agiterez d’horreur.

15. C’est pour ce motif que mon âme a choisi une destruction violente, et mes os, la mort.[1]

16. J’ai perdu toute espérance ; je ne saurais vivre davantage : épargnez-moi ; car mes jours ne sont rien.

17. Qu’est-ce qu’un homme, pour que vous fassiez un si grand cas de lui ? ou pourquoi mettez-vous sur lui votre cœur ?[2]

18. Vous le visitez au point du jour, et aussitôt vous l’éprouvez,

19. Jusques à quand ne m’épargnerez-vous point, et ne me laisserez-vous pas avaler ma salive ?

20. J’ai péché, que ferai-je pour vous, ô gardien des hommes ? Pourquoi m’avez-vous mis en opposition avec vous, et suis-je à charge à moi-même ?[3]

21. Pourquoi n’ôtez-vous point mon péché, et pourquoi n’enlevez-vous pas mon iniquité ? Voilà que maintenant je dormirai dans la poussière, et, si vous me cherchez dès le matin, je ne serai plus.

CHAPITRE 8.


1. Mais, répondant, Baldad, le Suhite, dit :[4]

2. Jusques à quand diras-tu de telles choses, et les paroles de ta bouche seront-elles comme un vent qui souffle de tout côté ?[5]

  1. Job 7,15 : Mon âme a choisi ; c’est-à-dire je préférerais (Comparer à Job, 6, 7). ― Une destruction violente ; littéralement l’action de se pendre ; hébreu l’étranglement. Le sens du verset est donc : Tout mon être préférerait une mort violente et cruelle aux maux que je souffre.
  2. Job 7,17 : Pour que vous fassiez un si grand cas de lui ; en l’examinant, l’éprouvant et l’affligeant. ― Mettez-vous, etc., c’est-à-dire songez-vous à lui, vous occupez-vous de lui ?
  3. Job 7,20 : En parlant ainsi Job ne murmurait nullement contre Dieu, mais il déplorait seulement les suites funestes du péché originel.
  4. Job 8,1 : Baldad, dont le nom signifie « fils de contention », n’a ni une grande originalité ni une grande indépendance de caractère ; il s’appuie en partie sur les maximes des sages anciens, en partie sur l’autorité de son ami plus âgé, Eliphaz. Son tempérament est plus violent que celui de ce dernier ; il a moins d’arguments et plus d’invectives ; son langage est aussi moins riche ; il est abrupt, sans tendresse.
  5. Job 8,2 : Qui souffle de tout côté ; littéralement multiplié. Le terme hébreu correspondant a aussi cette signification. Cependant on le traduit assez généralement par grand, fort, impétueux. ― Ier discours de Baldad, chapitre 8. Baldad voit dans la réponse de Job à Eliphaz une accusation d’injustice portée contre Dieu ; il lui répète donc à sa manière le discours de son vieil ami. Dieu n’est pas injuste : ses enfants avaient donc mérité la mort par leurs péchés et lui-même expie actuellement ses propres fautes. Son bonheur d’autrefois prouve seulement que Dieu avait différé à le punir. La pensée dominante, c’est que si Job ne veut pas en croire ses amis, il croie du moins les anciens sages dont Baldad rapporte les pensées, quand il annonce que le bonheur des méchants n’est pas durable et que Dieu punit ceux qui l’ont mérité. La suite de