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7. Le Seigneur lui demanda : D’où viens-tu ? Satan, répondant, dit : J’ai fait le tour de la terre, et je l’ai traversée.[1]

8. Le Seigneur lui demanda encore : Est-ce que tu n’as point considéré mon serviteur Job ? Il n’y en a pas de semblable à lui sur la terre ; homme simple, droit, craignant Dieu, et s’éloignant du mal.

9. Satan, répondant, dit : Est-ce en vain que Job craint le Seigneur ?

10. N’avez-vous pas mis un rempart autour de lui, de sa maison et de tous ses biens ? N’avez-vous pas béni les œuvres de ses mains, et ses possessions ne se sont-elles pas augmentées sur la terre ?

11. Mais étendez un peu votre main, et touchez tout ce qu’il possède, et vous verrez s’il ne vous maudira pas en face.[2]

12. Le Seigneur répondit donc à Satan : Voilà que tout ce qu’il a est en ta main ; seulement n’étends pas sur lui ta main. Et Satan sortit de la présence du Seigneur.

13. Or, comme un certain jour, les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère, le premier-né,[3]

14. Un messager vint vers Job, pour dire : Les bœufs labouraient et les ânesses paissaient auprès d’eux,

15. Et les Sabéens ont fait une incursion, et ont tout enlevé : et ils ont frappé du glaive les serviteurs ; et je me suis échappé, moi seul, pour vous l’annoncer.[4]

16. Et comme celui-là parlait encore, il en vint un autre, et il dit : Un feu de Dieu est tombé du ciel, et ayant atteint les brebis et les serviteurs, il les a consumés ; et je me suis échappé, moi seul pour vous l’annoncer.[5]

17. Mais celui-là parlant encore, il en vint un troisième, et

  1. Job 1,7 : J’ai fait le tour, etc. Comparer à 1 Pierre, 5, 8.
  2. Job 1,11 : S’il ne vous maudira pas. Voir le verset 5.
  3. Job 1,13 : 3o Job subit sept épreuves consécutives : les quatre premières l’atteignent dans ses biens et dans ses enfants, la cinquième dans son corps ; la sixième et la septième sont des épreuves morales. Les quatre premières ne se passent pas sous ses yeux, il en reçoit la nouvelle par quatre messagers de malheur : 1o Les Sabéens, dans un razzia, lui enlèvent tous ses troupeaux de bœuf et d’ânes, chapitre 1, versets 13 à 15 ; ― 2o la foudre fait périr ses brebis, chapitre 1, verset 16 ; ― 3o les Chaldéens, dans une razzia, lui enlèvent ses chameaux, sa plus grande richesse, chapitre 1, verset 17 ; ― 4o un vent violent renverse la maison où tous ses enfants étaient réunis pour prendre part au festin que leur offrait leur frère aîné, et les écrase tous, chapitre 1, versets 18 et 19. ― Job a écouté en silence le récit des trois premiers malheurs, mais, au quatrième, lorsqu’il apprend la mort de ses fils, il ne peut plus contenir sa douleur ; toutefois elle ne sert qu’à faire ressortir davantage la solidité de sa vertu, car elle ne lui arrache que ces paroles admirables, qui sont l’expression même de sa résignation et qui feront à jamais l’admiration des hommes : « Nu, je suis sorti du sein de ma mère, nu j’y retournerai ; Dieu m’a donné, Dieu m’a ôté ; que le nom du Seigneur soit béni ! »
  4. Job 1,15 : Les serviteurs ; c’est-à-dire les gardiens.
  5. Job 1,16 : Un feu de Dieu ; c’est-à-dire un feu très grand, ou, envoyé de Dieu. ― La foudre, d’après le plus grand nombre ; le simoun, vent brûlant qui peut tuer les hommes et les animaux, d’après d’autres commentateurs.