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table d’Aman, que le festin du roi ne m’a point plu, et que je n’ai pas bu du vin des libations ;[1]

18. Et que jamais votre servante ne s’est réjouie, depuis que j’ai été transportée ici jusqu’au présent jour, sinon en vous. Seigneur Dieu d’Abraham.

19. Dieu fort, au-dessus de tous, exaucez la voix de ceux qui n’ont aucune autre espérance, délivrez-nous de la main des hommes iniques, et arrachez-moi à ma crainte.

CHAPITRE 15.


1. Et il manda à Esther (point de doute que ce ne fut Mardochée) d’entrer auprès du roi, et de le prier pour son peuple et pour sa patrie.

2. Souvenez-vous (dit-il) des jours de votre humiliation, comment vous avez été nourrie par ma main, parce qu’Aman, le second après le roi, a parlé contre nous de mort ;

3. Et vous, invoquez le Seigneur, et parlez au roi pour nous, et délivrez-nous de la mort.[2]

4. Or, le troisième jour, Esther quitta les vêtements de sa parure, et s’environna de sa gloire ;[3]

5. Et, brillant dans ce costume de reine, lorsqu’elle eut invoqué celui qui régit toutes choses, et le Dieu Sauveur, elle prit ses deux servantes ;

6. Et elle s’appuyait sur l’une d’elles, comme ne pouvant soutenir son corps, à cause de son attitude nonchalante et de son extrême délicatesse.

7. Et l’autre servante suivait sa maîtresse, portant ses vêtements qui traînaient à terre.

8. Elle cependant, avec une couleur de rose répandue sur le visage et des yeux gracieux et brillants, cachait un cœur triste et serré d’une excessive crainte.

9. Etant donc entrée successivement par toutes les portes, elle se présenta devant le roi, où celui-ci était assis sur son trône, couvert des vêtements royaux, brillant d’or et de pierres précieuses ; et il était terrible à voir.

10. Et lorsqu’il eut levé sa face, et qu’avec des yeux ardents il eut montré la fureur de son cœur, la reine tomba, et, sa couleur se changeant en pâleur, elle pencha sa tête lassée sur la jeune servante.

11. Mais Dieu changea en douceur l’esprit du roi qui, se hâtant et effrayé, s’élança de son trône, et, soutenant Esther dans ses bras, jusqu’à ce qu’elle revînt à elle, il la caressait en ces termes :

12. Qu’avez-vous, Esther ? Je suis votre frère, ne craignez point.

  1. Esther 14,17 : Du vin des libations offertes aux faux dieux.
  2. Esther 15,3 : J’y ai trouvé aussi ce qui suit [dans l’édition Vulgate].
  3. Esther 15,4 : De sa parure ; qui était en ce moment une parure de deuil. Comparer à Esther, 14, 2. ― De sa gloire ; de sa dignité, c’est-à-dire de ses habits de reine.