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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


le pape donne l’institution canonique. Les évêques nomment les curés. L’Église accepte la confiscation des biens ecclésiastiques. Tout le clergé prête serment de fidélité au Gouvernement.

Sur ces bases ; l’entente est possible.

Mais Rome a d’autres visées.

En premier lieu, elle veut qu’il soit proclamé que le catholicisme est religion d’État en France. Quant aux réfractaires, aux ennemis de la République, ils avaient trop mérité de l’Église pour que le Saint-Siège pût les contraindre à donner leur démission. Quant aux évêques constitutionnels, il exigeait que tous reconnussent publiquement leurs erreurs.

D’autre part, le pape s’opposait aux règlements de police, quels qu’ils fussent. L’État civil n’avait aucun droit de commandement, de surveillance sur l’Église omnipotente. Enfin, en ce qui concerne les biens, il faisait abandon de ce qui avait été aliéné ; mais il voulait que l’Église pût recevoir des biens-fonds par voie de legs ou de donation.

Tels étaient les desiderata du pape en face de ceux du premier Consul. Bonaparte aima mieux attendre l’écrasement de l’Autriche avant de conclure avec Rome. De son côté, le pape désirait connaître les résultats de la guerre avant de prendre de sérieux engagements avec le Gouvernement français.

Mais, après le traité de Lunéville, alors que les armées françaises occupaient tout le territoire de l’Église, Pie VII, par la force des choses, dut négocier avec le premier consul. Le délégué de Rome réclama Ferrare, Bologne et Ravenne. Il n’eut rien. Napoléon ne voulait point entendre parler de restitutions tant que le concordat, tel qu’il l’avait conçu et rédigé, n’aurait pas obtenu l’agrément du pape. Et, pour brusquer les choses, le premier consul expédia à Rome le diplomate Cacault, qui avait pour mis-