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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


séparation. Les républicains les plus modérés ont dû avouer que le problème se posait désormais d’une façon si pressante qu’il devenait impossible d’en ajourner la solution.

Votre Commission ne croit pas que vous puissiez prendre en considération l’idée de remettre à un an, c’est-à-dire jusqu’après les élections générales, toute détermination sur la situation présente. Lier, pour un si long temps, dans les circonstances actuelles, les mains au Gouvernement, ce serait, on en conviendra, faire au Saint-Siège la partie belle et facile ; ce serait vouloir mettre la République dans une posture singulièrement humiliante et dangereuse. Faire dépendre du résultat des prochaines élections législatives l’issue du conflit, autant vaudrait offrir une prime à l’agitation cléricale. Un an d’impuissance imposée au Gouvernement de la République, d’émancipation électorale accordée au clergé : quel est le républicain soucieux des intérêts de ce régime qui oserait envisager sans inquiétude une telle perspective ?

Puis, sur quoi le corps électoral serait-il consulté ? Sur le principe même de la réforme ? Mais tous les électeurs républicains sont, théoriquement, favorables à la séparation. Une réponse par oui ou par non à une question de cette nature ne vous apporterait pas les éléments d’appréciation désirables pour l’étude d’un régime qui vaudra surtout par les modalités selon lesquelles il aura été réalisé. Est-ce donc sur ces modalités mêmes que la consultation devrait avoir lieu ? Mais chaeun reconnaît que le problème est si délicat, si complexe, que ce ne sera pas trop de toute la bonne volonté, de tout l’effort soutenu du Parlement pour le résoudre. Peut-on raisonnablement penser qu’en pleine effervescence électorale, le suffrage universel serait à même de prononcer sur cette matière, et jusque dans la minute des détails, le ju-