Page:La séparation des églises et de l'état.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT

Ces théories se sont manifestées dans la plupart des conciles de l’époque. À aucun moment la papauté n’a admis qu’il y eut égalité de droits entre les deux pouvoirs

C’est donc une nouveauté, qui caractérise bien la conception des rois de la dynastie capétienne que cette prétention de recevoir directenient de Dieu la grâce qui les consacrait rois. Bossuet en tirera plus tard tard de beaux effets. Nous les notons ici comme une première étape décisive vers la fondation en France d’une Église gallicane, indépendante du pouvoir romain.



Les différends célèbres entre Philippe le Bel et Boniface VIII vont nous permettre de déterminer encore la marche ascendante des idées gallicanes. Elles vont prendre corps, s’organiser en système, grâce au patriotisme des légistes.

Philippe le Bel déclarait net, dès 1297, qu’il ne tenait sa royauté que de Dieu seul. Il affirmait ainsi, de façon catégorique, l’indépendance du pouvoir temporel. Il montra bientôt comment il prétendait se libérer de la domination envahissante des pontifes romains.

Le pape venait de lancer la bulle dite clericis laïcos, par laquelle il interdisait à tout ecclésiastique de rien payer à un laïc sans y avoir été autorisé par le Saint-Siège, et cela sous peine d’excommunication. Prétention plus étonnante encore : Pome frappait d’interdit les villes qui imposeraient le clergé.

Philippe le Bel prit une décision capable de faire réfléchir la papauté. Il interdit toute exportation d’or et d’argent hors du royaume. C’était réduire à néant