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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT

de saint Louis ou Édit sur les élections ecclésiastiques et les libertés gallicanes.

Que ce document ait été rédigé sous l’inspiration du roi très chrétien ou qu’il ait été composé plus tard de toutes pièces au moment où il s’agissait de préparer et de rendre possible la pragmatique sanction de Bourges, il est une chose certaine c’est que Saint Louis n’en aurait contesté ni l’esprit ni les expressions.

Ce document si intéressant pour l’histoire des origines du gallicanisme débute ainsi : Ludovicus, Deo Gratia rex Francorum, et le commenteur qui croit à l’authenticité de la pragmatique, fait remarquer, en une note, que « les princes de la troisième race se dirent rois par la grâce de Dieu, non seulement par piété, mais encore pour marquer leur autorité souveraine et leur indépendance des papes, qui s’étaient, vers ce temps-là, arrogé, sans apparence de raisons, le prétendu droit d’excommunier les souverains, et de disposer de leurs royaumes ».

Il n’est pas sans intérêt historique de marquer ici l’importance essentielle de ce simple petit détail.

Quelle était, à l’époque de Clovis, la conception que se faisait la papauté de ses rapports avec les piinces temporels ! On connaît la comparaison, chère à la papauté, entre le soleil et la lune, entre l’Église romaine qui éclaire le monde et la royauté qui en reçoit les rayons. Une autre figure illustre les théories romaines de la subordination des rois à l’égard de la papauté : « Il y a deux glaives : le glaive spirituel et le glaive temporel ; tous les deux appartiennent à l’Église ; l’un est tenu par elle, par la main du pape ; l’autre est tenu pour elle par la main des rois, tant que le pape le veut ou le souffre. En outre, l’un des glaives doit être subordonné à l’autre, le temporel au spirituel. »