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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


suppression du budget des cultes et l’abrogation du Concordat.



On voit que sous des formes diverses, et avec des caractères différents, le régime de la séparation est aujourd’hui en vigueur dans la plus grande partie du Nouveau-Monde. Certaines républiques sud-américaines, qui ne l’ont pas encore adopté, l’adopteront peut-être dans un avenir peu éloigné (on signalait récemment au Chili une vive agitation en faveur de la suppressipn du budget des cultes). D’autre part, plusieurs colonies anglai&es n’ont jamais connu d’autre régime, par exemple la Nouvelle-Zélande ; et dans la plupart des colonies où des liens officiels unissaient l’État à l’Église ces biens ont été rompus : au Canada (on l’a déjà signalé) en 1854, dans les colonies australiennes en 1863, 1866 et 1870, à la Jamaïque en 1870, dans les autres Antilles en 1868, 1871 et 1873, au Cap en 1875, à Ceylan en 1881[1].

Ce qui a été ébauché en Europe et réalisé en Amérique et dans tout l’empire colonial anglais n’est pas inconnu en Extrême-Orient. Il est piquant de constater qu’une tentative en vue d’instaurer une religion d’État a été faite au Japon, dans les trente dernières années et qu’elle a échoué. Le Ministère des Cultes a été supprimé et deux bureaux du Ministère de l’Intérieur ont été chargés des affaires religieuses. L’égalité et la liberté des divers cultes (boudhiste, shintoïste et chrétien) ont été proclamées. La séparation complète des Églises et de l’État compte de nombreux partisans et une fraction du Parlement japonais s’est

  1. Voir The Case for disestablishment, p. 257-261 (publication de la Liberation Society).