Bref, on a pu dire que « la séparation faite en théorie
est loin d’être achevée dans la pratique ». Et l’on
ne s’en étonne point si l’on songe que la séparation
des Églises et de l’État n’a été décrétée qu’il y a
quelques années ; qu’elle n’a pu changer subitement
les croyances et les mœurs d’un peuple profondément
catholique, et qu’enfin elle n’a pas été l’œuvre d’anticléricaux
ou tout au moins de libre-penseurs peu
favorables aux Églises, mais d’un groupe de positivistes
ennemis de toute religion officielle, et partisans
déclarés de la liberté absolue et illimitée des
diverses religions. (Voir à ce sujet, dans le Courrier
Européen du 16 janvier 1905, une lettie de M. Miguel
Lemos, chef de « l’Église positiviste » du Brésil.
Équateur. — La république de l’Équateur était demeurée jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle une véritable théocratie. Les moines y étaient tout-puissants : ils y avaient accumulé une énorme fortune ; ils étaient les maîtres occultes des administrations et du gouvernement. L’Église catholique était la religion de l’État ; un concordat avait été conclu avec le Vatican en 1862. Par l’intermédiaire des moines, le Saint-Siège dominait en réalité la République ; le clergé séculier dépendait étroitement des ordres monastiques, et des prélats allemands, italiens, espagnols étaient envoyés dans le pays pour y occuper les hauts emplois ecclésiastiques. Une révolution survenue en 1895 amena le parti libéral au pouvoir. Et, en moins de dix ans, par un changement d’une singulière soudaineté, cette république théocratique est devenue un État laïque.
Le mariage civil a été rendu obligatoire ; le divorce non encore admis, dans les autres républiques hispano-américaines qui ont institué le mariage civil, a été autorisé ; la légation près le Vatican a été sup-