Page:La séparation des églises et de l'état.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


que en matière religieuse et d’un sentiment profond de l’égalité que dérivent ces législations excluant toute religion officielle. La neutralité de l’État est essentiellement une neutralité bienveillante à l’égard des religions dont l’utilité est très généralement reconnue. Ainsi que l’a très justement fait observer Minghetti, il y a une séparation juridique, mais une véritable union morale entre l’État et les Églises, et M. Bryce a pu aller jusqu’à dire que le « christianisme est en fait considéré comme étant, sinon la religion légalement établie, du moins la religion nationale ». « Les fondateurs de notre gouvernement et les auteurs de notre constitution ont reconnu qu’entre la religion chrétienne et un bon gouvernement il y a une intime connexion et que cette religion est le fondement le plus solide d’une saine morale. » Ainsi s’exprime un juriste américain dans une étude sur le régime légal des Églises dans l’État de New-York. Ces citations, auxquelles on pourrait en ajouter bien d’autres, permettent de comprendre quelle est la conception spéciale de la laïcité qui est admise aux États-Unis.

On s’explique ainsi le caractère très favorable aux Églises, aux a corporations religieuses » des législations qui les régissent.

On s’explique aussi certaines dérogations au principe de la neutralité qui pourraient, au premier abord, paraître surprenantes ; les allocations accordées par les Chambres fédérales à des chapelains appartenant aux diverses confessions chrétiennes, et qui disent des prières au début de chaque séance ; la proclamation annuelle du Président de la République ordonnant des actions de grâce ; les proclamations analogues de gouverneurs d’État fixant des jours pour la célébration de cérémonies religieuses ; les honneurs publiquement rendus et les égards officiellement té-